Publié : 27 mai 2025 à 0h50 par Johan Gesrel

"C'est décidé je m'en vais" : après les inondations du Tarn-et-Garonne l'angoisse des habitants

Une semaine après les pluies torrentielles qui ont frappé plusieurs secteurs de Tarn-et-Garonne, les habitants tentent de panser leurs plaies. Entre solidarité et désespoir.

Paul a eu la vie sauve en passant par la fenêtre avec son chien dans les bras.
Paul a eu la vie sauve en passant par la fenêtre avec son chien dans les bras.
Crédit : Johan GESREL

Il y a une semaine, le Tarn-et-Garonne était balayé par des pluies torrentielles proches des 200 mm provoquant de nombreux dégâts un peu partout dans le département. Des entreprises envahies par les eaux et la boue, des champs inondés et lessivés et des habitants dont les maisons ont été traversées par des vagues de plusieurs mètres de haut. C’était le cas à Loubéjac, une commune de l’Honor-de-Cos près de Montauban. Une semaine après, TOTEM est allé à la rencontre des sinistrés.

 

Des clients évacuent la boue et récupèrent des bouteilles de gaz dans le ruisseau

Bottes, gants et chemises retroussés, une dizaine de bénévoles, la plupart des clients, se relaient pour aider Jacky et Martine à nettoyer le supermarché Proxi du village envahi par les eaux il y a une semaine. Au même moment, les gérants étaient au Portugal. Des vacances bien méritées que s'accordait pour la première fois le couple six ans après l'ouverture du magasin. Un repos de courte durée. Prévenus par leurs employée, les deux responsables ont dû trouver un avion en catastrophe pour revenir à Loubéjac et constater les dégâts :

 

"Les gens sont solidaires. On a passé un message sur les réseaux sociaux et on a un groupe qui s'est relayé depuis trois jours. Ils nous ont aidé à tout nettoyer. ça fait chaud au coeur. On a dû évacuer un centimètre de boue sur 400 m2 de magasin avant que ça ne sèche. Difficile de faire une évaluation. On a perdu une vitrine qui coûte 50 000€. Les moteurs des frigos aussi ont été trempés. Il y a l'informatique qui est fichu. Et puis il y a tous les produits alimentaires qui ont trempé dans l'eau. Les experts passent lundi prochain. Aujourd'hui, on a même retrouvé des bouteilles de gaz dans le ruisseau. Elles avaient été embarquées par la vague, c'est dire la force..."

 

"J'ai été alerté par du bruit dans les toilettes"

A moins de cent mètres du supermarché, Paul a vécu le pire. Lundi dernier, sa maison est entourée d'une première vague peu après 20h suivie d'une deuxième. Il a juste eu le temps de s’échapper avec son chien par une fenêtre. Son chat, blessé, n’a pas survécu. Depuis, Paul a été relogé dans un gîte via la mairie de Piquecos dont il dépend.

Devant sa maison, Paul nous montre la multitude d'affaires en vrac en train de sécher au soleil. La caravane familiale s'est déplacée de plusieurs mètres et les deux voitures, une modeste 106 et une Citroën Visa de collection sont au point mort. L'eau a inondé les moteurs, les sièges sont imbibés d'eau et de boue. Sa maison, Paul l'a construite de ses propres mains :

 

"L'eau qui a cassé la baie vitrée à l'avant de la maison était à 10 cm de hauteur. Le temps de traverser les pièces et de sortir par la fenêtre de la chambre de mon fils et j'avais de l'eau à la taille. Ma famille n'était pas là heureusement, mes enfants venaient de partir. J'ai été alerté par du bruit dans les toilettes. Des bulles d'air étaient en train de remonter dans la cuvette. Sans ça, j'aurais été surpris par la vague qui rentrait dans la maison. J'attends encore l'expert qui doit passer mercredi mais c'est décidé je m'en vais. Je ne vais pas laisser mes enfants dormir dans une maison où on risque d'être inondés. J'ai été choqué. "