Publié : 23 novembre 2023 à 18h55 par Johan Gesrel

Fin de l'abattoir de Montauban : "Un désastre pour l'élevage"

Au lendemain de l'audience du tribunal de commerce de liquider l'abattoir de Montauban, la Chambre d'Agriculture et les Jeunes Agriculteurs ont tenu à réagir face à la presse ce jeudi. Ils dénoncent un "imbroglio politique" autour de l'engagement des partenaires publics. Une fermeture aux conséquences multiples.

Conférence de presse en réaction à la fermeture de l'abattoir
Le président de la Chambre d'agriculture Alain Iches aux côtés du président des JA 82.
Crédit : Johan Gesrel

Ce jeudi avait des allures de gueule de bois pour les élevages de Tarn-et-Garonne. Sur les 1360 que compte le département, 1000 avaient l'habitude de venir faire abattre leurs bêtes au sein de l'abattoir multi-espèces de Montauban. Comme nous le révélions en exclusivité sur TOTEM, la structure gérée jusqu'ici par la société Bas-Quercy a été placée en liquidation judiciaire par le tribunal de commerce mercredi. La mesure est exécutoire au 12 décembre. Depuis, c'est un coup de tonnerre pour l'ensemble des acteurs de la filière. En réaction, la Chambre d'Agriculture a tenu une conférence de presse ce jeudi. Alain Iches, son président, rappelle que le projet de SCIC initialement porté par le conseil départemental et les communautés de communes de Tarn-et-Garonne s'est révélé "incomplet" aux yeux des juges. Alain Iches estime que le département n'a pas délibéré à temps sur ce dossier. Joint par TOTEM, le conseil départemental de Tarn-et-Garonne n'a pas souhaité communiquer. Selon nos informations, 450 000€ ont pourtant bien été votés lors de la séance plénière du 22 et 23 juin dernier auquel s'ajoute 50 000€ pour rentrer dans le capitale de la société censée reprendre l’abattoir.

Une situation d'autant plus incompréhensible quand on sait que Brigitte Barèges, présidente du Grand Montauban avait fini par donner son accord pour vendre le site municipal à hauteur de 500 000€ soit bien en-dessous des estimations de France Domaine. "Il était même prévu un bail précaire pour permettre aux acteurs privés du projet d'investir et de s'installer dans la durée", souligne Alain Iches qui rappelle dans le même temps l'engagement sans faille du président du conseil départemental, Michel Weill dans ce dossier. Pour Alain Iches, on est face à un "imbroglio politique".

"Des éleveurs en pleur"

Aujourd'hui, l'espoir d'une reprise de dernière minute semble mince. Pour les éleveurs, c'est un vrai coup dur, obligés d'aller faire abattre leurs bêtes dans des départements voisins à Villeneuve-sur-Lot (47), Puylaurens (81), ou Villefranche-de-Rouergue (12) avec un coût de transport élevé et sans garantie d'être admis. Jean-François Audin, gérant de "Viandes Occitanes" était jusqu'ici le dernier responsable l'abattoir de Montauban :

"Aujourd'hui des abattoirs multi-espèces comme Montauban il n'y en a pratiquement pas à proximité. Pour autant, on ne sait pas si ces abattoirs pourront absorber les 3200 tonnes de viandes que l'on traitait ici. Faire des kilomètres, c'est courir le risque d'avoir une viande de moins bonne qualité. C'est surtout courir le risque de faire souffrir les animaux pendant les fortes chaleurs. On est bien loin du bien-être animal. C'est toute une filière qui risque d'être en deuil très rapidement. "

Le président de la Chambre d'Agriculture, Alain Iches, c'est un pilier de l'économie agricole qui s'effondre :

"J'ai eu au téléphone des éleveurs en pleurs qui ne savent pas ce qu'ils vont devenir. Ces mêmes éleveurs qui faisaient de la vente directe sur les marchés de plein air fonctionnaient avec l'abattoir de Montauban. Aujourd'hui, vous mettez fin à un outil et à des exploitations agricoles."