21 août 2024 à 11h25 par Hélène Gosselin
En immersion avec les chevaux sauvages de Przewalski
En Lozère, l'association Takh mène une campagne de sauvegarde de ce petit cheval indomptable
La Lozère a parfois des allures d'Ecosse, de Canada ou même de Mongolie. C'est dans ce paysage du Causse Méjean que vit un troupeau de chevaux de Przewalski. Ce petit cheval est considéré comme « éteint à l’état sauvage » depuis les années 60 par l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature. L'association Takh s'est donné pour mission de ré-ensauvager l'espèce. Elle organise aussi des stages pour permettre à des passionnés de passer quelques jours en immersion avec l'équipe.
Takh, signifie « esprit », c'est le nom que les Mongols donnent à au cheval de Przewalski qu'ils considèrent comme sacré. Sur le causse Méjean, une poignée de personnes est immobile au milieu du paysage. Cyrielle, stagiaire à l'association explique que ces chevaux peuvent être dangereux. S'ils se sentent menacés, ils ne fuient pas mais font front et peuvent attaquer.
"On ne peut pas arriver face aux chevaux sinon on peut les surprendre, il faut arriver su le côté doucement et s'ils lèvent la tête, on marque un temps d'arrêt avant de continuer à avancer. Les chevaux évoluent sur deux enclos de 200 hectares et sont en rotation tous les six mois. Il y a une quarantaine d'individus dont quatre poulains de cette année."
La robe sable, la crinière en brosse, les chevaux font la sieste par petits groupes. Fantasia, Calcio, Colombo, Volga, Salvia... chaque cheval a son nom et son caractère... Aujourd'hui, quelques observateurs attendent leur réveil, ils sont venus collecter du crottin avec Florian Drouard, responsable opérationnel. Le seul qui peut s'approcher des chevaux qui le connaissent bien. Pas question pour autant de les caresser.
"On récupère les crottins de vingt-deux individus. Nous le faisons quatre fois par an : en mai, en août, en novembre et en février, sur les mêmes individus, pour voir au fil des mois et des années l'évolution du taux parasitaire. Dans le troupeau, nous avons cinq familles composées d'un étalon, de plusieurs juments et de jeunes et des jeunes étalons célibataires. Nous faisons des relevés sur un échantillon représentatif de l'ensemble du troupeau".
En Mongolie, le troupeau est passé de onze à cent-cinquante chevaux en vingt ans
En 1990, ce sont 11 chevaux venus de différents zoos qui arrivent en Lozère.
"L'espèce était éteinte à l'état naturel. Notre but était d'envoyer des familles complètes en Mongolie. Nous les avons laissé récupérer les comportements sociaux d'équidés sauvages. Dix ans plus tard, en 2004-2005, nous avons envoyé leurs descendants en Mongolie. Nous avons géré le site de 15 000 hectares jusqu'en 2017 sur place et aujourd'hui c'est une ONG locale qui s'en occupe. Nous gardons un troupeau ici pour créer de nouveaux sites ou permettre le brassage génétique sur le sites. Ce qui distingue principalement les chevaux sauvages des domestiques est la reproduction. Quand les conditions sont mauvaises, qu'il n'y a pas assez de nourriture par exemple, les juments sauvages vont réguler la natalité en fonction du milieu."
Vingt-deux chevaux nés sur le causse sont partis en Mongolie voilà vingt ans. Aujourd'hui, le troupeau compte plus de 150 chevaux sauvages.