Ça vaut le détour : Une Bête du Gévaudan omniprésente !

On la revendique en Lozère, dans la Haute-Loire, l’Ardèche et le Cantal. Deux siècles et demi après ses derniers forfaits, la Bête du Gévaudan alimente toujours une abondante littérature tandis qu’on aménage des espaces, dans différentes localités, pour raconter les légendes qui l’auréolent et les attaques qu’elle a perpétrées.

 

Où se déroula réellement la première attaque ?

 

Dans le Vivarais qui est devenu aujourd’hui l’Ardèche. C’était en juin 1764. La Bête s’attaqua à une adolescente de 14 ans, Jeanne Boulet, qui habitait un hameau de la paroisse de Saint-Etienne-de-Lugdarès, aux frontières du Gévaudan puisque Langogne n’est pas très éloignée. Donc l’Ardèche peut légitimement la revendiquer tout comme la Lozère où elle a sévi autour de Mende, de Saint-Chély-d’Apcher, de Serverette, de Saint-Pierre-le-Vieux, de Langogne ou du Malzieu, et la Haute-Loire où elle se manifesta dans la région de Saugues, de La Besseyre-Sainte-Mary ou d’Auvers. Pour le Cantal, c’est plus difficile à démontrer. Toutefois, dans ces années terribles en Gévaudan, les habitants de l’Auvergne mitoyenne connaissaient l’existence de la Bête. Certains d’entre eux participèrent le 7 février 1765 à une immense battue organisée par un capitaine de dragons et ses hommes qui mobilisèrent des rabatteurs de 73 paroisses du Haut-Gévaudan et de 30 paroisses d’Auvergne. 

 

Comment se traduit aujourd’hui l’indéniable engouement pour la Bête du Gévaudan ?

 

On immortalise la Bête par la sculpture. La plus ancienne est en Lozère à Marvejols. Deux sont à remarquer dans la Haute-Loire : à Saugues et à Auvers. On y consacre des pièces spéciales dans les musées ou des musées.

 

Le musée du Gévaudan (Mende) présente des ustensiles associés à cette grande terreur du XVIII^e siècle. Aux portes de l’Aubrac, le château de La Baume expose un fusil offert à l’époque au seigneur pour traquer la Bête dans ses forêts et l’épée qui aurait permis à un berger de la blesser... En Haute-Loire, on la retrouve à Saugues et à Auvers. A Saugues, le musée fantastique de la Bête du Gévaudan propose une plongée dans l’Histoire avec vingt-deux tableaux. A Auvers, la Maison de la Bête organise des expositions en proximité avec la Sogne d’Auvers où le 19 juin 1767, Jean Chastel aurait abattu la Bête. Il n’y eut plus d’attaques ensuite mais le mystère demeure sur ce qu’était vraiment la Bête.  

 

On avait mobilisé en 1765 le porte-arquebuse de Louis XV pour abattre la Bête. A quelle escroquerie se livra-t-il ?

 

Parce qu’elle terrorisait la population, on s’intéressa à la Bête à la cour de Louis XV. Le Roi dépêcha en Gévaudan son lieutenant des chasses et porte-arquebuse, Antoine de Beauterne, qui y arriva le 22 juin 1765. Alors qu’il était opposé aux battues, il consentit à en organiser une le 21 septembre 1765 où il abattit un loup de 130 livres, c’est-à-dire 65 kilos, qu’il présenta comme la Bête. Trois ou quatre personnes ayant été attaquées par la Bête prétendirent qu’il s’agissait bien d’elle. Beauterne retourna à Paris pour présenter cet animal à la cour, percevoir les 10 000 livres de la prime et les 1 000 livres de la pension promises. Louis XV, peu regardant, le nomma grand-croix de l’ordre de Saint-Louis puis l’autorisa à mettre la Bête dans ses armes. La rumeur publique contesta son prétendu exploit d’autant plus que les attaques reprirent trois mois plus tard. Quant à son fils, il exhiba le loup dans Paris et empocha 2 000 livres. Il n’y a pas de petit profit !

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