Ça vaut le détour : Trois journées de randonnée en Lozère

On les rencontre nombreux dans la Lozère entre Aumont-Aubrac et Nasbinals, sur les bordures herbeuses du macadam lorsqu’ils ne peuvent pas emprunter les chemins du GR 65 serpentant à travers les pâturages. Ils sont équipés de leur sac, de leurs chaussures, de leur chapeau et de leur bâton de pélerin.

 

D’où arrivent-ils et où se dirigent-ils ?

 

Le GR 65 est le chemin de Saint-Jacques qui débute au Puy-en-Velay dans la Haute-Loire et se termine à Compostelle. Il comporte trois étapes dans la Lozère que nous vous proposons de découvrir aujourd’hui. La première nous conduira du domaine du Sauvage, à 1 292 mètres d’altitude dans la Haute-Loire jusqu’à Aumont-Aubrac en Lozère sur une distance de 27 km. Elle comporte un passage au Col de l’Hospitalet (1 304 m) et à la chapelle Saint-Roch (1 198 m) qui était associée au Moyen Age à l’hôpital destiné à accueillir dans ces territoires désertiques les pélerins et les voyageurs. Jusqu’au XVI^e siècle, elle a été placée logiquement sous le vocable de saint Jacques. Transférée en Lozère au XIX^e siècle, elle a été rebâtie en 1901. Vous rencontrerez ensuite un établissement plus célèbre sur votre itinéraire, l’hôpital psychiatrique de Saint-Alban-sur-Limagnole où le poète Paul Eluard se réfugia sous l’Occupation.

 

Que nous réservent ensuite les deux étapes suivantes ?

 

Les deux étapes suivantes – Aumont-Prinsuéjols et Prinsuéjols-Nasbinals – permettent de découvrir la Terre de Peyre notamment La Chaze-de-Peyre. Deux croix sont à remarquer près de l’église : la première remonte au XVIII^e siècle et la seconde au XIX^e siècle.

 

L’église, remaniée en 1728 après l’effondrement du clocher qui a été reconstruit seulement en 1852, recèle une chapelle gothique de 1522 avec modillons sculptés. Lorsque vous arriverez à Nasbinals, une merveille vous y attend : une église du XIV^e siècle, romane, en basalte brun et toiture de schiste gris. Vous admirerez son clocher octogonal mais, surtout, son portail à double voussure. Trois de ses chapiteaux sont sculptés de feuillages et le quatrième représente le combat d’un sagittaire avec un lancier. Après votre randonnée, si vous souffrez d’une luxation au genou, vous ne pourrez hélas ! pas solliciter le rebouteux Pierrounet pour soulager vos douleurs. Il est décédé en 1907 mais son souvenir demeure avec sa statue. 

 

Quelles plantes et quels fruits sauvages trouverez-vous sur votre chemin ?

 

La gentiane, naturellement. Ne vous amusez pas à l’arracher en traversant les pâturages, notamment en Aubrac : elle a des racines si profondes et solides qu’on ne peut extraire qu’avec une fourche spéciale, appelée la Fourche du diable. Si vous possédez quelques connaissances botaniques, vous repèrerez le thé d’Aubrac qui est également appelé calament, identifiable à ses feuilles argentées, à ses grappes de fleurs roses et à son parfum suave. Par ailleurs, en fonction de la saison, des fruits sauvages parsèmeront le chemin : mûres, framboises, myrtilles. Ces dernières sont à maturité entre la fin juillet et le début septembre, vous résisterez à la tentation de les manger sur-le-champ parce qu’elles peuvent avoir été souillées par l’urine des renards. Si vous en cueilliez, une précaution s’impose à votre arrivée au gîte d’étape : un lavage soigneux à l’eau vinaigrée ou la cuisson pour éviter certaines maladies. Bonne randonnée !

 

ECOUTEZ DANIEL CROZES POUR SON DETOUR DU JOUR