Ça vaut le détour : La chartreuse de Villefranche

Elle est très fréquentée en cette période estivale et l’un des trois monuments incontournables de Villefranche avec la collégiale et la chapelle des Pénitents Noirs. C’est à la chartreuse Saint-Sauveur –une merveille du gothique flamboyant, témoignage de l’architecture monastique du XV^e siècle – que nous vous emmenons aujourd’hui.

 

 Qui la construisit ?

 

Comme souvent au Moyen Age, cette construction est associée au testament d’un richissime habitant qui souhaita devenir mécène et, certainement, rejoindre plus facilement le Paradis au lendemain de sa disparition grâce à ses largesses. Ce mécène était marchand de draps et consul de la bastide. Il se nommait Vézian Valette. Il a, aujourd’hui, son avenue à Villefranche. Il séjourna à Rome en 1450 pour y conclure des affaires mais, surtout, pour assister au jubilé de Nicolas V et racheter ses pêchés par des indulgences qui étaient à l’époque accordées par l’Eglise en échange de donations ou même d’espèces sonnantes. Il mourut de la peste et, dans son testament, il demanda à ce qu’on construise avec sa fortune un monastère où on célèbrerait tous les matins un office funéraire à sa mémoire. Son épouse et exécutrice testamentaire, Catherine Garnier, s’employa à persuader les consuls de Villefranche et le supérieur des Chartreux de respecter ses volontés. 

 

Et Villefranche posséda donc « sa » chartreuse...

 

Effectivement ! Sa construction s’échelonna entre 1452 et 1460. Elle comporte deux cloîtres dont le grand, 66 mètres sur 40, avec des arcatures ogivales enserrant l’ancien cimetière des moines, et des ermitages de 50 m² chacun.

 

Ces maisons étaient réservées aux moines avec une remise pour le stockage du bois de chauffage et un atelier de menuiserie au rez-de-chaussée, une pièce à vivre et un oratoire au premier. L’ensemble rassemble également la salle capitulaire dont les vitraux du XVI^e siècle représentent les anges en cortège célébrant la naissance du Christ, un vestibule, une chapelle et un réfectoire disposant d’une chaire de lecture pour la douzaine de moines qui y étaient affectés. La chartreuse a été dispersée aux enchères sous la Révolution mais découverte en 1840 par Prosper Mérimée et soustraite à la dégradation grâce à son classement. Un hospice qui est devenu ensuite l’hôpital de la bastide, s’y installa au XIX^e siècle. Restaurée, elle est ouverte aux visites.

 

Que découvre-t-on d’original dans la chapelle ?

 

Une curiosité : des stalles historiées qui ont été réalisées à la fin du XV^e siècle par l’atelier du sculpteur André Sulpice. Ces œuvres, on les appelle miséricordes ou patiences, présentes dans les trois monuments de Villefranche : 62 à la collégiale Notre-Dame, 42 à la chapelle des Pénitents Noirs et 38 à la chartreuse Saint-Sauveur. Elles représentent des feuillages, des visages et des portraits, des animaux fantastiques, des animaux qualifiés de réalistes ainsi que des créatures mi-hommes mi-animaux. Elles associent le grand, le sublime, l’infini et le divin, inspirées de la vie de tous les jours dans le costume, les croyances, les gestes. Elles évoquent notamment la sensualité. Nudité des corps et rondeurs... C’est à découvrir en vous rappelant que les chartreux sont associés à l’animal ainsi que le démontrent la dénomination d’un chat gris-bleu et la gastronomie puisqu’une chartreuse entremêle légumes et gibier.

 

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