Publié : 17 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : Traverser le Cantal avec le GR 4

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il part traverser le Cantal avec le GR 4 en vous y racontant son histoire.

Traverser le Cantal avec le GR 4

Le GR 4 est bien moins connu que le GR 65, le célèbre chemin de Saint-Jacques. Pourtant, c’est un grand chemin de 1 470 km de l’Atlantique – il commence à Royan dans les Charentes – jusqu’à la Méditerranée. Il serpente à travers la Dordogne, la Corrèze, le Puy-de-Dôme, le Cantal, la Lozère. Aujourd’hui, nous l’empruntons dans sa traversée du Cantal. D’où arrive-t-il ?

 

Après avoir musardé en Limousin entre Creuse, Haute-Vienne et Corrèze, il pénètre en Auvergne et dans le Puy-de-Dome avant de parvenir dans le Cantal. On le retrouve dans le Cézallier, le plateau du Limon, au Puy-Mary et au Lioran puis à Saint-Flour. Il traverse ce que les géographes ont appelé dans les années 1980 la France du vide. Des paysages magnifiques mais à la rudesse légendaire et souvent désertiques, à l’habitat très dispersé, où les troupeaux sont plus nombreux que les hommes. Ce GR 4, deux randonneurs l’ont emprunté sur 700 km dans les années 2010. Des aspirants jésuites dont Charles Wright. Malgré son patronyme, Wright a des attaches familiales à Auriac dans la Xaintrie aux limites de la Corrèze et du Cantal. Dans son journal qui multiplie les références à Rimbaud et à Charles de Foucaud, il a consigné ses impressions.

 

Qu’est-ce qui vous a frappé le plus dans son périple cantalien ?

 

C’est le passage dans les monts du Cantal. Ces deux voyageurs se sont embarqués dans cette aventure sans un centime en poche, sans carte bancaire, avec le minimum de vêtements, une seule et unique paire de chaussures, une carte IGN et un sac à dos. On ne bivouaque jamais dans les montagnes sans organiser au préalable son étape. Or ils n’ont rien organisé, espérant que la providence y pourvoirait. Sur la carte IGN, dans les parages du Col de Serre, les deux randonneurs ont remarqué la présence d’une habitation.

 

C’est le refuge du buron d’Eylac. Hélas ! Un groupe scolaire de Brive-la-Gaillarde squatte son dortoir. Les deux aspirants jésuites dormiront sous une tente installée à l’année près du buron mais profiteront de la douche et même d’une platrée de pâtes au pesto offerte par les gamins. Le matin, ils verront le soleil poindre au Pas de Peyrol... Ce journal du XXIe siècle et leur randonnée sur le GR 4 effectuée dans des conditions spartiates nous ramènent au voyage de Stevenson.

 

L’Ecossais Stevenson avait voyagé dans les Cévennes. Charles Wright et son acolyte parviennent-ils au Pont-de-Montvert ? 

 

Non ! Ils s’arrêtèrent dans l’Ardèche à Notre-Dame-des-Neiges, spiritualité et souvenirs de Charles de Foucauld qui y séjourna leur imposèrent le terminus. De Saint-Flour, qualifiée de sous-préfecture d’opérette par Charles Wright, jusqu’à Notre-Dame des Neiges en Ardèche, ils marchèrent dans le département de la Lozère, entre autres en Margeride, franchissant des cols qui dépassent parfois l’altitude de 1 400 mètres. Ils s’arrêtèrent à Saint-Léger-du-Malzieu qui constitua pour eux l’extrémité méridionale de l’Auvergne mais ils refusèrent en revanche de pénétrer au Malzieu-Ville, reprochant à la commune de « jouer à outrance la carte de la cité médiévale » alors que cette bourgade mérite l’attention... Si vous empruntez ce GR 4, moins fréquenté que le chemin de Saint-Jacques mais aussi attachant, vous deviendrez peut-être comme ces aspirants jésuites des aventuriers de la France cantonale ou même des explorateurs de sous-préfecture. Car l’aventure est sur le chemin !

 

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