Publié : 5 août 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : Martel ou la ville aux sept tours

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous amène découvrir le patrimoine historique de la ville de Martel ou "la ville aux sept tours".

Village de Martel

Connaissez-vous le causse de Martel et sa petite capitale qui est surnommée la ville aux sept tours ? Ce causse est le moins élevé à une alitude moyenne de 300 mètres et le moins aride mais aussi le plus humanisé des causses du Quercy aux frontières de la Corrèze et la Dordogne. Nous vous emmenons aujourd’hui dans une localité à l’histoire glorieuse et embellie.

 

Quelle est cette histoire ?

 

Embellie, l’histoire de Martel l’est assurément avec la légende de sa fondation par Charles Martel qui, trois années après sa victoire de Poitiers en 732, l’aurait emporté à nouveau sur les Sarrazins. Et les Martellois y sont très attachés comme en témoigne la présence de trois marteaux dans les armes de Martel qui étaient les préférés de Charles Martel. Glorieuse, l’histoire de Martel l’est assurément. Au Moyen Age, Raymond IV le puissant vicomte de Turenne dans le voisinage limousin accorda à la localité une charte de coutumes en 1219 avec la possibilité de s’administrer elle-même à travers la désignation de quatre consuls. Martel devenait alors une ville libre ! Avec de précieux privilèges : elle était exemptée du versement des impôts royaux et avait le pouvoir de battre monnaie. Ce qui perdura pendant cinq siècles ! En 1738, le dernier vicomte de Turenne céda sa seigneurie et les droits qu’il avait concédés à Louis XV. Dès lors, Martel ne bénéficia plus de son indépendance municipale.

 

Subsistent toutefois un patrimoine important et les sept tours...

 

Martel était fortifiée au Moyen Age et il en demeure des vestiges comme la tour de Tournemire, énorme bâtiment à mâchicoulis de 25 mètres de hauteur, du XVe siècle, qui eut la double vocation de prison et de tour de guet. C’est l’une des sept tours avec le clocher de l’église Saint-Maur, le beffroi de l’hôtel de la Raymondie, la tour des Cordeliers, la tour de la maison Fabri, la tour Mirandol et la tour de l’hôtel Vergnes-de-Ferron. Deux de ces tours se dressent sur la place des Consuls qui comporte en son centre une halle édifiée en 1785 à l’emplacement du premier hôtel de ville. Sur cette place, un superbe bâtiment : l’hôtel de la Raymondie ou forteresse construite par les vicomtes de Turenne de 1280 à 1330, équipée d’un beffroi, aménagée en palais gothique au XIVe siècle. A admirer !

 

Sur cette même place des Consuls, on découvre la maison Fabri qui est associée à un guerrier du XIIe siècle...

 

Cette maison Fabri est un hôtel particulier du XVe siècle qui est flanqué d’une tour ronde et qui a été construit à l’emplacement de la demeure où Henri Court-Mantel termina son existence en 1183. Il était le fils aîné d’Henri II Plantagenêt, roi d’Angleterre de 1154 à 1189, et d’Aliénor d’Aquitaine. Elle avait défendu sa mère qui avait comploté contre son époux avec le concours de ses fils et avait été emprisonnée. Par vengeance, il ravagea le Quercy et les vicomtés de Turenne qui relevaient des biens de son père. Henri II attribua ce qu’il possédait à son frère Richard Cœur de Lion et Court-Mantel se retrouva dans la misère, attaquant des abbayes pour s’emparer de leurs richesses et pouvoir payer ses soldats. Après son passage à Rocamadour, la maladie et la fièvre l’amenèrent à s’amender en se réfugiant à Martel où il confessa ses crimes et sollicita le pardon d’Henri II Plantagenêt qui consentit à l’accorder mais au moment où Henri Court-Mantel expirait. C’était en 1183. C’était hier...

 

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