Publié : 30 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : Les vestiges industriels du Bassin

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous amène au coeur d'un ancien bassin minier au passé glorieux ayant laissé des traces indélébiles dans le paysage industriel français.

" La Découverte " de Decazeville

Il n’y a plus de mines ni de hauts-fourneaux à Decazeville ! C’est une situation qu’on retrouve à Carmaux, dans le bassin cévenol de La Grand Combe-Alès et le bassin auvergnat de Brassac. Mais les témoignages de l’époque industrielle sont bien là. Ils permettent de découvrir comment les gueules noires et les métallos rythmaient le quotidien d’un territoire.

 

Que demeure-t-il à Decazeville-Aubin ?

 

Le chevalement du puits central de Lacaze à Decazeville pour nous rappeler que l’exploitation du charbon a commencé au Moyen Age à Aubin, s’est intensifiée au XIXe siècle puis s’est interrompue en 1966 pour le fond et en 2001 pour la Découverte. L’extraction à ciel ouvert a transformé le paysage puisque l’énorme cratère de la Découverte est devenu depuis un plan d’eau. Demeure également le bâtiment qui a accueilli les soufflantes, ces machines alimentant en air chaud les hauts-fourneaux qui se sont éteints en 1987. Il a été construit en 1901, a bénéficié d’un classement protecteur pour empêcher une inévitable dégradation puis a été restauré en 2024. Il renferme notamment une machine Corliss de type 1903, employée pour fabriquer l’air chaud qui est l’une des dernières rescapées en Europe. Quant à l’immeuble où les grévistes avaient défenestré en 1886 l’ingénieur Watrin, à Decazeville, il a été démoli en 1994.

 

Les logements des personnels ont-ils été conservés ?

 

Aventurez-vous jusqu’à Viviez et vous découvrirez des maisons ouvrières accolées les unes aux autres, se distinguant par des arcs en briques rouges pour les fenêtres et les portes. Elles ne sont plus couvertes de poussière mais plus coquettes grâce à leurs couleurs.

 

Les résidences réservées aux dirigeants tranchent avec cet habitat populaire. A Decazeville, certaines d’entre elles se dressent encore dans les deux rues du 4-Septembre et Emile-Nègre, construites sur un modèle identique. Un perron permet d’accéder à un hall d’entrée depuis lequel un escalier conduit aux quatre chambres du premier. Outre la cuisine et la salle de séjour, le rez-de-chaussée comporte deux pièces aménagées en bureau, en « grande pièce » ou parfois en chambre. Certaines de ces maisons se signalent par des grilles en fonte ouvragée, des balcons en fer forgé, des arcs de fenêtre et de porte d’entrée en terre cuite émaillée. Ça vaut le détour !

 

Où retrouve-t-on également l’histoire industrielle du Bassin ?

 

Quatre musées combleront votre curiosité. Le premier est le plus ancien. C’est le musée de la Mine à Aubin qui remonte à 1979. On y découvre une galerie reconstituée et la simulation d’un “ coup ” de grisou, le travail des mineurs de fond et leur outillage. Cransac a un musée des Mémoires qui retrace deux millénaires d’exploitation de la houille, interrompue dans les années 1960, ainsi que des gaz de la Montagne qui brûle associés aujourd’hui aux activités thermales. L’ASPID – l’association de sauvegarde du patrimoine industriel de Decazeville – a aménagé son musée de la mine, de la sidérurgie et de la métallurgie, du verre et du zinc qui rassemble des machines, des véhicules et maquettes, personnages et chevaux reconstitués. Le quatrième musée est géologique. Il conserve, à Decazeville, les collections de l’ingénieur Pierre Vetter, entre autres des fossiles de végétaux et d’animaux de l’époque carbonifère – 360 à 300 millions d’années avant J.-C. – découverts grâce à l’exploitation minière. Un passage dans ces quatre musées s’impose pour mieux connaître le Bassin industriel et son histoire !

 

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