Publié : 2 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : Les charmes du Mézenc

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous fait découvrir les charmes du Mézenc.

Mézenc

Connaissez-vous le Mézenc ? Nous vous emmenons aujourd’hui aux frontières de la Haute-Loire et de l’Ardèche dans un massif de dômes et de pitons volcaniques. Vous le situerez bien mieux quand nous vous aurons précisé que le Gerbier-de-Jonc, donc les sources de la Loire, y est rattaché et est proche du Mont Mézenc.

 

Qu’est-ce qui caractérise ce territoire méconnu ?

 

On retiendra, en premier, que le massif du Mézenc constitue une barrière naturelle déterminant la ligne de partage des eaux entre la Méditerranée et l’Atlantique. A l’Est, les plateaux cristallins du Haut-Vivarais, en Ardèche, dont les cours d’eau rejoignent les rivages de la Méditerranée. A l’Ouest, on rencontre les monts granitiques de la Margeride, dans la Haute-Loire et la Lozère, dont les rivières et les ruisseaux coulent dans la direction de l’Atlantique. On a donc deux visages différents : le premier tourné vers le Rhône, le second vers l’Auvergne. Dans la partie orientée vers le Velay, le Mézenc est un immense plateau dénudé qui évoque en été un paysage de steppe balayé par le vent. Le versant orienté vers le Vivarais présente un paysage très tourmenté qui s’enfonce brutalement dans la direction du Rhône. On retiendra ensuite que c’est un territoire de montagne avec plusieurs sommets qui dépassent l’altitude de 1 500 mètres, à l’image du Mont Mézenc – le plus élevé à 1 753 m –, le Gerbier-de-Jonc à 1 551 m, le Mont d’Alambre à 1 691 m et le Suc de Montfol à 1 601 mètres. Car, dans la Haute-Loire et l’Ardèche, les sommets se nomment également les sucs.

 

Que trouvera-t-on en arpentant les chemins du Mézenc en cette période estivale ?

 

Les botanistes apprécieront les richesses naturelles du Mézenc. Ils remarqueront par exemple le séneçon leucophylle qu’on ne peut seulement rencontrer dans l’ensemble du Massif Central que sur le Mont Mézenc. Il est rarissime et précieux ! C’est la fameuse herbe du Mézenc aux feuilles argentées et aux capitules d’un jaune vif. Ils repèreront également la grande violette des montagnes, l’anémone des Alpes, les gentianes de toutes catégories comme en Auvergne, les épilobes, les trolles et les arnicas mais encore les narcisses qui fleurissent en juin comme sur les pâturages de l’Aubrac, produisant une symphonie de couleurs.

 

Puisqu’il n’est pas conseillé d’arracher des racines de gentianes ou des séneçons, que peut-on emporter du Mézenc ?

 

Une viande unique en France puisque c’est la seule à bénéficier d’une AOP. C’est une viande bovine de haute qualité : le fin gras du Mézenc. Elle provient d’un bœuf de quatre ans qui est nourri avec de l’herbe. Vous pourrez en apercevoir dans la région des Estables en Haute-Loire. Elle provient également d’animaux de deux races : la mézine qui est la race du Mézenc dont elle a emprunté le nom et qui était très appréciée autrefois pour ses bœufs ; l’aubrac qui a été toujours présente dans la Haute-Loire et l’Ardèche depuis plusieurs décennies, en imposant avant la Seconde Guerre mondiale puis au lendemain de la Libération une sévère concurrence à la mézine. La spécialisation des éleveurs du Mézenc a permis à la vache mézine de ne pas sombrer à jamais et de se maintenir même si son effectif demeure très modeste. Aujourd’hui, la vache d’aubrac est toujours dominante. Goûtez du fin gras du Mézenc et vous jugerez !

 

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