Publié : 14 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : Le Tour de France au Mont Dore

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous raconte l'histoire de ce lieu insolite à l'occasion du passage du Tour de France 2025.

Mont Dore

En cette journée de 14 juillet et de fête nationale, c’est la fête du cyclisme dans notre région avec une étape entièrement auvergnate puisque le Tour de France amènera la caravane et les coureurs de la localité d’Ennezat, près de Riom, au Mont Dore. Ils ne quitteront donc pas le Puy-de-Dôme de la journée et arriveront au Mont Dore où nous sommes également aujourd’hui.

 

Qu’est-ce que le Mont Dore ? Une bourgade ? Une montagne ?

 

C’est une localité de 1 400 habitants dans les Monts Dore, dont l’architecture est symbolique de la Belle Epoque, qui s’est déployée près de la Dordogne naissante, au pied d’un majestueux cirque de montagne qui est dominé par le Puy de Sancy. C’est une station de sports d’hiver à 1 325 mètres d’altitude qui est la plus ancienne de France puisqu’elle remonte à 1907. Ses pistes de ski se situent sur le flanc nord du Sancy qui culmine à une altitude de 1 885 mètres. On y pratique le ski alpin et le ski de fond, la randonnée à raquettes et l’escalade sur cascade glacée. Deux attractions retiendront votre attention : le téléphérique construit en 1936 et l’un des premiers en France qui a équipé une station de sports d’hiver ; le funiculaire du Capucin qui est classé. Ce funiculaire installé en 1898 a fonctionné dès son ouverture à l’électricité grâce à des turbines sur les eaux de la Dordogne. Il parcourt les 480 mètres de son itinéraire (200 m de dénivelé) à la vitesse d’un mètre par seconde.

 

Le Mont Dore est également une station thermale.

 

Cette station a une histoire ! Les eaux étaient déjà exploitées par les Gaulois comme en attestent les piscines dont on a retrouvé des vestiges sous les thermes romains.

 

Elle était très fréquentée sous le Roi Soleil Louis XIV mais elle l’a été, surtout, au XIXe siècle grâce aux travaux du docteur Bertrand qui en vantèrent les qualité et au passage en 1821 d’un personnage turbulent, la duchesse de Berry. L’établissement thermal a été construit à cette époque, de 1817 à 1823 ; il a été depuis agrandi et modernisé. La décoration intérieure comporte des références à l’art byzantin et à l’art romain ainsi qu’à l’art roman auvergnat. Les thermes disposent d’une salle des Pas perdus, comme dans les gares, avec des voûtes d’arêtes décorées de fresques alors que, partout, les marches d’escalier ont une faible hauteur pour ménager les efforts des curistes souffrant d’asthme. 

 

Le Mont Dore appartient à la région des Dore et on prétend que les rhinocéros y étaient présents autrefois. Vrai ou faux ?

 

C’est véridique même si c’est étonnant. Certes il n’y avait pas de vie possible avec l’activité volcanique et on le comprend facilement mais la nature reprenait ses droits entre chaque période d’éruption. Le puissant système volcanique qui a donné naissance aux Dore, remonte au pliocène, étage supérieur du tertiaire, époque à laquelle les grands mammifères se répandirent. Des recherches ont permis de retrouver dans les cendres des éruptions des empreintes et des ossements. Elles démontrent que des lauriers, des bambous et des espèces végétales ne poussant seulement aujourd’hui que dans les contrées les plus chaudes, étaient bien présents sur les flancs des volcans. Pour les animaux, la présence de rhinocéros, d’éléphants et de carnassiers, tigres à dents de sabre appelés machairodontes, est également démontrée. On pourrait peut-être imaginer, dans un avenir plus ou moins proche, avec le réchauffement climatique, un grand parc d’animaux tropicaux dans les Dore.

 

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