Publié : 9 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : Le prince de Monaco en Carladès

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous raconte l'histoire du lien fort qui a existé et qui existe encore entre le Carladès et la dynastie monégasque des Grimaldi.

Photo Mur-de-Barrez

C'est une chronique mondaine et même princière que nous vous proposons aujourd'hui à l'occasion de la visite officielle d'Albert II de Monaco et sa famille ce mercredi après-midi à Mur-de-Barrez dans le Carladès aveyronnais. Le prince de Monaco s'y était déplacé le 14 mai 2014. Un évènement puisqu'aucun prince n'avait daigné s'y rendre depuis trois siècles.

 

Pourquoi cette visite ?

 

La famille de Grimaldi a été seigneur du Carladès de 1641 à la Révolution de 1789, pendant un siècle et demi. Si la féodalité a été abolie dans la nuit du 4 août 1789, s'il n'y a plus de seigneur ni de manants, les habitants du Carladès sont fidèles, depuis aux princes de Monaco. Par nostalgie de l'Ancien Régime en France et de la monarchie toujours présente dans la principauté ? On pourra s'interroger. En 1641, le Carladès relève de la vicomté de Carlat en Auvergne, dans la région de Vic-sur-Cère. Par le traité de Péronne conclu en 1641 entre Louis XIII et Honoré II de Monaco, la France accorde sa protection à la principauté et trois fiefs pour compenser les biens subtilisés à Honoré II en Italie par le roi d'Espagne. Le Valentinois est érigé alors en duc-prairie, les Baux de Provence en marquisat et le Carladès en comté. C'est la raison pour laquelle Gabriella de Grimaldi, fille de Albert II et de Charlène, est devenue la comtesse du Carladès le 11 décembre 2014, au lendemain de sa naissance. Une comtesse purement honorifique !

 

Que conserve-t-on de la famille de Monaco dans le Carladès ?

 

Le rocher de Carlat dans le Cantal qui appartient toujours à cette famille dont la forteresse a été détruite sur l'ordre du roi Henri IV en 1604. Cette place forte, on peut la visiter aujourd'hui sous la forme virtuelle avec une reconstitution en 3 D. À Vic-sur-Cère, subsiste la maison des princes de Monaco qui est une demeure du XVe siècle, possédant une tourelle d'escalier du XVIe siècle, surmontée d'une poivrière, percée d'une fenêtre à meneaux. La porte est surmontée d'un bas-relief très mutilé représentant l'Annonciation. La famille de Monaco n'y a quasiment pas séjourné puisqu'elle ne consentit à se déplacer en Auvergne qu'en 1668 pour défendre le bailliage de Vic-sur-Cère contre les vélléités de domination des Aurillacois. Elle ne séjourna pas davantage à Mur-de-Barrez où son souvenir ne survit qu'à travers la tour de Monaco ou de l'Horloge, grosse tour carrée.

 

La famille de Monaco a été également présente au XVIII ème siècle à l'évêché de Rodez.

 

Effectivement ! Mgr Charles de Grimaldi d'Antibes a été nommé évêque de Rodez le 8 septembre 1746, succédant à Mgr Jean d'Ize de Saléon qui avait été promu à l'archevêché de Vienne. Sacré le 22 janvier 1747, il s'est essentiellement consacré de 1758 à 1764 à la restauration de l'église Saint-Amans de Rodez qui est alors dans un piteux état. Charles de Grimaldi d'Antibes séjournait le 10 mars 1770 dans la région de Toulon, au château d'Ollioulles, quand il décéda après 24 années d'épiscopat à Rodez. Nous ne pouvons terminer cette chronique monégasque sans revenir sur Albert II   de Monaco à qui les Campaniers du Soir, humoristes et chansonniers de Naucelle des années 1950 et 1960, consacrèrent une chanson à l'occasion de sa naissance survenue le 14 mars 1958. Nous n'en connaissons que le début mais nous l'avons entendue chanter par les Campaniers de Naucelle en 1981 : " On pavoise à Monte Carlo pour Bébert le Der des Ders : " On pavoisera aujourd'hui à Mur-de-Barrez pour Bébert !

 

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