Publié : 4 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette
Ça vaut le détour : Le Pont-Vieux de Montauban
Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous fait traverser de nouveau ce célèbre pont de la ville de Montauban.
/medias/ghkOL68kap/image/AdobeStock_3778445731750759116982.jpg)
La rivière Tarn possède une quantité de ponts dans sa traversée de la Lozère, de l’Aveyron, du Tarn et du Tarn-et-Garonne avant de rejoindre la Garonne. Des ponts d’avant-garde comme le viaduc de Millau inauguré en 2004 et des ponts anciens comme le Pont-Vieux d’Albi construit au XIe siècle. Nous vous emmenons aujourd’hui sur le Pont-Vieux de Montauban.
A quelle époque remonte-t-il ?
Le Pont-Vieux de Montauban a été construit au XIVe siècle. Les travaux y ont débuté en 1311 pour se terminer en 1335, il y a sept siècles ou presque. Son édification avait été prévue dès 1144 dans la charte de la fondation de Montauban, qui avait été rédigée par le comte de Toulouse, mais elle avait été différée à plusieurs reprises devant les difficultés techniques et financières qu’elle entraînait. Au début du XIVe siècle, la situation imposa qu’on lance le chantier le plus rapidement possible. Il n’y avait pas de pont à Montauban, les charrois, les animaux de bât, les piétons devaient se contenter des bacs du port d’Escorsac et du port des Albarèdes. En janvier 1303, une délégation consulaire rencontra à Toulouse Philippe Le Bel qui conditionna l’autorisation à la réalisation de trois tours de défense, décrétant que Montauban se chargerait des dépenses mais que la couronne royale en deviendrait ensuite propriétaire.
La délégation de Montauban accepta-t-elle ces conditions ?
Oui ! Elle n’avait pas le choix, soumise au bon vouloir du Roi. Il y eut des compensations : l’instauration de certains impôts par le Roi pour financer en partie les travaux, la donation de la moitié du bois du Ramier aux portes de la localité pour fournir le combustible que les fabricants de briques utliseraient pour les fours.
Les architectes, Etienne de Ferrières et Mathieu de Verdun, choisirent d’établir pour l’édifice un tablier horizontal à l’époque où les ponts étaient surtout en dos d’âne. Ils se justifièrent par la hauteur inégale des berges et la longue portée, 205 mètres entre les culées. Ils conférèrent à cet ensemble de la solidité puisqu’il résista aux crues marquantes de 1441, 1766 et 1930. Il comporte sept grandes arches ogivales, à 23 mètres au-dessus du fond du Tarn, séparées par des piles fondées sur des blocs de tuf à l’intérieur d’une enceinte de pieux. Pour une meilleure résistance, ils associèrent la pierre de taille et les briques. C’était savamment imaginé.
Le Pont-Vieux de Montauban a-t-il traversé les siècles sans être modifié ?
Hélas ! Non ! Le Pont-Vieux de Montauban est contemporain du Pont Valentré de Cahors. Avec ses deux grandes tours se dressant aux extrémités et la troisième sur la pile centrale, son architecture rappelait son cousin fortifié de Cahors. Elles ont été démolies pour faciliter la circulation, Au Moyen Age, la tourelle de plan triangulaire qui s’élevait sur le bec de la pile centrale, accueillait en son rez-de-chaussée la chapelle des nautonniers sous la protection de sainte Catherine qui était la patronne des mariniers. Nombre d’habitants de Montauban vivaient des activités de la rivière et du transport sur les gabarres. Ils étaient regroupés pour la majorité dans la rue des Soubirous et un agent spécial était affecté alors à la surveillance de la navigation. Le Tarn était navigable de Gaillac au confluent avec la Garonne. Après des travaux sur la rivière, huit journées seront encore nécessaires au XVIIIe siècle pour descendre de Montauban à Bordeaux et quinze à vingt pour la remontée. Ce n’est plus qu’un souvenir puisque la rivière a été déclassée en 1926 comme le Lot.
ECOUTEZ DANIEL CROZES POUR DETOUR DU JOUR