Publié : 1er août 2025 à 10h15 par Romain Rouquette
Ça vaut le détour : Le poète quercynois Paul Froment
Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous amène dans le Quercy pour vous raconter l'histoire du célèbre poète Paul Froment.
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Notre escapade d’aujourd’hui nous emmène en Quercy dans la commune de Floressas, entre Saint-Matré et Grézels, à une dizaine de kilomètres de Puy-Lévêque. Floressas est la commune d’origine de l’écrivain occitan Paul Froment dont c’est le 150e anniversaire de la naissance. Un inconnu en dehors du monde occitan qui disparut à l’âge de 23 ans et qui intrigue toujours.
Qui était-il ?
Paul Froment était né le 17 janvier 1875, à Floressas, dans une famille de paysans. Son enfance a été marquée par les difficultés que l’agriculture rencontra au lendemain des ravages du phylloxéra dans les vignobles. A 12 ans, il travailla aux champs avec son père et dans une plus grande exploitation comme domestique à 15 ans. Après le certificat d’études, il fréquenta les cours d’adulte et dévora une quantité d’ouvrages en français ou en occitan. Il entreprit alors la rédaction de ses premières œuvres en occitan ce qui provoqua les railleries de ses patrons et des autres valets de ferme. Pour eux c’était un dérangé du cerveau. Un cinglé ! Comme il était gauche et timide, affligé d’un physique ingrat, il n’était nullement apprécié par les femmes et se réfugia donc dans l’écriture. Il s’obstina et réussit. Un journal occitan et bi-mensuel de Villeneuve-sur-Lot, Le Calelh, publia ses poèmes en prose et ses contes dès 1892.
Quel accueil leur réserva-t-on alors ?
Plutôt bienveillant et Paul Froment décidera de la parution d’un premier recueil de poèmes en 1895 dont Frédéric Mistral, le félibre reconnu de la Provence et futur Prix Nobel, reconnaîtra les qualités.
En l’espace de quelques années, de 1892 jusqu’à sa mort en 1898, il rédigera la bagatelle de trois mille vers et d’une dizaine de contes. Toutefois, Froment n’est pas Boudou ! Pas de militantisme occitan, aucune allusion à des événements marquants comme la croisade des Albigeois. La « liberté perdue » qu’il évoque n’est pas celle des comtes de Toulouse mais la sienne qui découle de sa condition de domestique agricole puis de soldat pour son service militaire. Pour cet homme de la terre, la nature et le travail des champs forment la principale inspiration mais sans folklore. Il n’y célèbre pas la famille et la maison comme les Rouergats Bessou et Mouly mais il aborde la condition humaine, la religion, l’amour qu’il n’a pas connu...
Il mourut en juin 1898 à Lyon alors qu’il avait 23 ans.
Paul Froment était un homme tourmenté qui était malheureux en amour. Une femme de Floressas l’avait repoussé. Sa déconvenue provoqua-t-elle son suicide ? Sûrement... Ou sa mort découla-t-elle d’un crime ? C’est moins vraisemblable... Ajourné devant le conseil de révision en 1896, il avait été reconnu apte l’année suivante puis incorporé à Lyon le 17 novembre 1897. Il avait détesté la ville et la vie militaire, contractant la rougeole en mars 1898. Il était revenu à Floressas pour une permission le 22 mai, y retrouvant cette femme qui n’avait pas honoré ensuite leur rendez-vous. Il était retourné à Lyon puis il avait disparu le 10 juin 1898 après une soirée dans un café. On repêcha son corps dans le Rhône en Provence. L’enquête militaire conclua au suicide mais Mistral affirma que son corps était « lardé de coups de poignard », soutenu dans l’hypothèse du crime par un journal du Lot-et-Garonne. Dans ses lettres, Froment avait évoqué le suicide. Demeure son œuvre qui avait été rassemblée en deux tomes dans les années 1980. Et une destinée tragique !
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