Publié : 18 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette
Ça vaut le détour : Le festivada de Rodez et la rue Eugène Loup
Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous amène au coeur de Rodez, plus précisément, sur la rue Eugène Loup.
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Comme l’été 2024, Rodez accueille dans l’enceinte des anciens haras nationaux les spectacles des trois journées du Festivada qui commence ce vendredi 18 juillet et qui se terminera dimanche. Les anciens haras occupent l’ancien couvent des chartreux construit au XVIe siècle mais il ne demeure que l’église et ils se trouvent dans la rue Eugène-Loup.
Qui était Eugène Loup ?
Eugène Loup était peintre. Il était le fils de l’imprimeur très connu dans le chef-lieu de l’Aveyron, Louis Loup, qui était installé au n° 15 de la rue de La Barrière. Son père a été le propriétaire-gérant dès 1882 du journal L’Aveyron Républicain qui disparut en 1914 après avoir abandonné ses idées de gauche pour des positions de droite. Eugène Loup qui était né le 1er février 1867, a été l’élève de l’école des beaux-arts à Toulouse avant de s’expatrier à Paris où il s’est perfectionné notamment dans l’art du pastel où il excella ensuite et où il acquit une réputation nationale. Il peignit de beaux visages de femmes aux regards tristes et profonds, d’admirables terrasses du Luxembourg à Paris à l’automne avec un sentiment de mélancolie qu’accentuait une facture en demi-teinte. Il mourut à Paris, dans la discrétion, pendant l’été 1948.
Rodez possède-t-il des œuvres de ce peintre ?
Au moment de sa disparition en 1948, beaucoup d’Aveyronnais s’accordèrent à demander que les tableaux alors en possession de la municipalité de Rodez soient accrochés au musée Denys-Puech, inauguré en 1910. Ils souhaitaient vivement qu’ils soient installés à la place d’honneur en hommage à un peintre dont l’œuvre était trop oubliée.
Les deux uniques œuvres d’Eugène Loup stockées dans les réserves, le portrait de François Fabié qui trônait dans le bureau du premier magistrat de Rodez purent s’enrichir en 1949 de sept tableaux donnés par la famille, de portraits de la veuve de Fabié et de Laurent Valière. On inaugura, en 1951, au musée des beaux-arts de Rodez le « panneau » Eugène Loup comportant 11 œuvres dont le Grand marronnier du Luxembourg, le Béguinage de Bruges où les spécialistes décelèrent bien ce qui le caractérisait : émotion, intelligence, conscience et sincérité.
D’autres artistes qui sont également d’origine ruthénoise comme Eugène Loup ont-ils leur rue ou leur place à Rodez ?
Evidemment ! Nous en mentionnerons trois : Maurice Bompard, François Mahoux et Tristan Richard. Le premier qui était de dix ans son aîné était son cousin. Il est catalogué parmi les orientalistes et il avait séjourné en Italie, à Venise et à Rome. L’hôtel Broussy, une institution ruthénoise, s’enorgueillit d’abriter un salon que Bompard embellit de quatre grandes toiles représentant Venise. Le deuxième est le sculpteur François Mahoux, né en 1832, décédé en 1901, qui accueillit dans son atelier Denys Puech et Marc Robert. Il n’effectua qu’un bref passage à Paris après l’école des beaux-arts à Toulouse et s’établit à Rodez qu’il ne quitta plus. Quant à Tristan Richard né en 1875 et disparu en 1954, il excella notamment dans la sanguine. Il voyagea en Italie et en Afrique puis il s’installa à Paris et il vécut ensuite à Cannes où il bénéficia d’une réputation enviable auprès de l’aristocratie européenne fréquentant alors la Côte d’Azur avant de revenir à Rodez en 1939.
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