Publié : 22 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : La fraise du Périgord

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous fait déguster la fraise du Périgord et son histoire.

Le Périgord

Nous vous emmenons aujourd’hui dans les potagers du Périgord et sur les marchés de village à la rencontre de la fraise du Périgord qui se consomme pendant des semaines du printemps à l’automne grâce à ses onze variétés différentes, labellisées en IGP (indication géographique protégée).

 

Peut-on vraiment déguster en cette saison des fraises du Périgord qui bénéficient de l’IGP ?

 

Oui. Tout dépend de la variété. Les garriguettes, darselect, cléry, magnum, flair et mariguette arrivent à maturité entre la mi-mars et la mi-juin. Aujourd’hui on ne les retrouve donc plus sur les marchés. En revanche, les remontantes produisent à plusieurs reprises entre le printemps et l’automne ; elles sont bien présentes avec la mara des bois, la cirafine, la charlotte, la murano et la favori que l’on peut ramasser dans les champs ou les potagers jusqu’à la Toussaint en fonction de l’ensoleillement et des humeurs du temps. Vous pouvez vous en procurer également en grande surface si vous n’en trouvez pas sur des marchés de plein vent mais les fraisiculteurs regrettent que, souvent, la grande distribution remplace leur étiquette « Fraise du Périgord (IGP) » par ses propres marques.

 

A-t-on toujours cultivé des fraises en Périgord ?

 

Les fraises des bois – sauvages – poussaient autrefois à l’ombre des châtaigniers de la Dordogne ; elles ont été souvent replantées dans les vignes avant que les châtaigneraies au terrain calcaire et sablonneux, convenant idéalement à leur culture, soient défrichées partiellement à leur avantage.

 

Le premier marché aux fraises de la Dordogne fonctionna en 1969 dans la localité de Vergt, considérée comme la « capitale » de la fraise du Périgord, entre Périgueux et Bergerac. Après une prospérité de deux décennies, la concurrence espagnole – impitoyable ! – encouragea producteurs et expéditeurs à se regrouper pour pouvoir défendre leur savoir-faire, leur terroir et leurs spécificités. Ils fondèrent une interprofession dans les années 1990, obtenant la première certification de qualité en 1999 avant de décrocher l’IGP en 2004 pour certaines variétés avec un cahier des charges exigeant : elles doivent être cultivées en pleine terre avec une protection « écologique » des ravageurs.

 

Elles sont évidemment contrôlées avant d’être labellisées.

 

Oui ! L’évaluation des fruits repose sur leur aspect, leur fermeté, leur couleur, leur taux de sucre, leur calibre, même l’apparence de la collerette. Une notation intervient et les moins bien classées sont commercialisées en fraises de Dordogne sans IGP. Chaque année, sont labellisées 2 000 tonnes sur les 7 000 à 8 000 tonnes qui sont produites en Dordogne, ce qui représente le quart. Une majorité de fraisiculteurs les cultivent librement sans cahier des charges et ne bénéficient pas de l’IGP ce qui n’altère pas pour autant leur qualité. On retiendra qu’au printemps, depuis les années 1920, se déroule la fête de la fraise à Vergt. En 2023, le boulanger de la localité avait confectionné une tarte aux fraises géante, avec 120 kilos de fruits, qui comportait seize parts pour symboliser les seize communes de la région se consacrant à cette culture depuis les années 1950. On retiendra également qu’on prépare la fraise de différentes manières et pas seulement en dessert, en garniture de poisson ou de viande blanche, même en chutney avec du foie gras. Essayez et goûtez !

 

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