Ça vaut le détour : L’abbaye de Sylvanès et sa renaissance

Il est une abbaye aux frontières de l’Aveyron et de l’Hérault qui a été construite au milieu des forêts, entourée de collines. Elle a été partiellement démolie au XIX^e siècle et transformée en dépendance agricole avant d’être restaurée il y a 50 ans. Grâce à son festival de musique, Sylvanès a aujourd’hui un rayonnement international. Des concerts s’y déroulent en ce moment.

 

Quelle est son histoire ?

 

Intéressons-nous en premier à l’éthymologie de Silvanès qui est fondamentale pour comprendre sa fondation. On peut la décliner de différentes manières – Sylvanum, Salvania, Salvanès, Salvanec ou Silvanès – mais toutes nous ramènent à la source : l’eau qui jaillit, le rayonnement spirituel des lieux après l’installation des moines en 1132. Puis l’abbaye s’agrandit et regroupa jusqu’à une centaine de personnes, mais elle ne comptait plus que quatre moines en 1789. L’ensemble a été dispersé aux enchères en 1791, démantelé puis reconverti en bâtiment agricole. Un dominicain de Brusque, dans la commune voisine – André Gouzes – explora les lieux en 1975. Un spectacle affligeant l’attendait, tout n’était que misère, saleté, ruine. Il décida de s’y établir et de sauver Sylvanès. La commune racheta l’abbaye, une association se constitua. Grâce à la Charte culturelle de l’Aveyron conclue en 1978 entre l’Etat et le Conseil général, elle restaura les lieux. Un festival international de musique sacrée, créé en 1978 autour de Michel Wolkowitsky qui en est toujours le fer de lance, permet d’attirer des milliers de visiteurs chaque année.

 

Quelle est l’architecture de cette abbaye ?

 

L’ensemble des bâtiments a été construit selon les principes de l’architecture bernardine. Saint Bernard est le créateur de l’abbaye de Cîteaux, la référence de toutes les fondations cisterciennes. Le plan de l’église est en croix latine et les trois fenêtres qui éclairent le chevet symbolisent l’attachement à la sainte trinité. La nef frappe par son ampleur : 44 m de long, 17 m de haut, 14,5 m de large. Elle est coupée par un transept et un chœur avec quatre chapelles. La partie ouest présente un raccourci des étapes du chantier avec des portes romanes du XII^e siècle, un mur qui évolue vers le gothique rayonnant du XIII^e siècle et une croix de pignon du XV^e siècle. Un orgue de 60 jeux et 4 claviers, réalisé grâce à quatre mille parrains qui ont acheté un tuyau, a été inauguré en 1997.

 

Qui était Pons de Léras, le fondateur de l’abbaye de Sylvanès ?

 

Pons de Léras était un seigneur du Lodévois qui a vécu au XII^e siècle. Son château de Léras se dressait sur un éperon rocheux qui domine Le Pas de L’Escalette, proche du tunnel actuel de l’A 75. Il avait épousé une femme de la noblesse dont il avait deux enfants. Homme de guerre, fortuné, brillant et éloquent, il avait commis des méfaits et employé la violence armée, pillant, dépouillant tous ceux qu’il pouvait. Changeant d’attitude pour se soumettre à Dieu, Pons de Léras et ses compagnons décidèrent de s’amender, choisissant de devenir ermites. Ils partirent de Saint-Guilhem-le-Désert en 1118 ou 1119, effectuèrent un pélerinage à Compostelle, se rendirent au Mont Saint-Michel, à Tours, Limoges, Conques puis revinrent dans le Lodévois avant de s’installer dans le vallon reculé, étroit et fermé d’Embias aux environs de ce qui est devenu Sylvanès. C’était en 1120. Ils édifièrent des bâtiments à partir de 1133 et se placèrent sous la tutelle de l’abbaye cistercienne de Mazan en Haut-Vivarais qui est l’Ardèche d’aujourd’hui. Sylvanès était née.

 

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