Ça vaut le détour : La bufatière de l’Hospitalet-du-Larzac

Aujourd’hui, c’est farandole et bal puisque nous partons dans le Sud-Aveyron à L’Hospitalet-du-Larzac qui organise ce dimanche 20 juillet ses festivités annuelles mais pas n’importe lesquelles. Car la principale attraction en est la bufatière ou danse du soufflet qui est très attendue par les habitants qui y participent et les visiteurs qui les applaudissent.

 

Qu’est-ce que la bufatière ?

 

La bufatière est une danse quelque peu paillarde, exécutée par les habitants qui revêtent un bonnet blanc et une chemise blanche descendant en-dessous du genou et qui s’équipent d’un soufflet de cuisine. Il y a un meneur qui est chargé d’enseigner le bon pas et la manière d’utiliser le soufflet aux nouveaux, aux jeunes. Ils sont des dizaines à avancer l’un derrière l’autre au rythme de la musique. Au moment où l’orchestre joue le refrain de la chanson de la bufatière, les danseurs ont le pied droit en avant ; ils doivent souffler entre les fesses de la personne les précédant, se retourner et souffler alors à l’arrière-train du bufatier qui les poursuit et qui vient également de se retourner. Ensuite, chacun reprend sa place jusqu’aux notes du prochain refrain : « Et souffle-lui au trou et souffle-lui au trou / Qu’il y fera plus chaud. » Il existe une variante : « Et souffle-lui au cul la pauvre vieille / Et souffle-lui au cul qu’elle en a bien besoin ! » En actionnant leur soufflet, les danseurs libèrent l’âme des morts qu’ils portent en eux puisque déguisés, et les aident à rejoindre l’au-delà.

 

A quand remonte cette tradition à L’Hospitalet ?

 

A L’Hospitalet, la bufatière se danserait depuis les XVI^e et XVII^e siècles grâce aux hommes du pays de Gignac, dans l’Hérault, qui fréquentaient alors les fêtes du village. Dans les années 1920, les mariés de la commune désignaient un président reconnaissable, le lundi de la fête, à un chapeau jaune qu’on apercevait de loin parce que son propriétaire montait un cheval. Ce jour-là, affublés d’une cocarde jaune, ils se dirigeaient vers la place où se trouvait le camp des célibataires que commandait un président hissé sur le dos d’un âne. Les jeunes avaient quitté leurs habits d’homme pour coiffer un bonnet de nuit, enfiler des vêtements de femme : culottes fendues du XIX^e siècle, longues chemises blanches, la camisa sur laquelle les femmes passaient une robe d’où leur sobriquet de camisards.

 

Cette tradition a-t-elle été présente ailleurs ?

 

Oui. A La Cavalerie. C’était avant l’installation du camp militaire au début du XX^e siècle et l’arrivée de nouveaux habitants. Le branle du buffet s’y dansait le troisième jour de la fête d’été, au moment de la Sain-Roch fêtée le 16 août. On retrouve également la bufatière dans les villages de Fayet, près de Camarès, et de Saint-Sever-du-Moustier toujours dans le Sud-Aveyron le lundi suivant le 15 août. Plus curieusement, alors que c’est une coutume bien installée dans le Languedoc, la bufatière était également présente dans le Ségala à Sauveterre-de-Rouergue. Bufer signife souffler d’où l’appellation de bufali à Ladern, dans les Corbières audoises. Quant au soufflet de cuisine, il est appelé bufadou ou bufarel. Une dernière précision sur les instruments de musique. Sur les causses où la cabrette était inconnue ou quasiment, la chanson était jouée à l’accordéon après l’avoir été autrefois au hautbois et aux cymbales.

 

ECOUTEZ DANIEL CROZES POUR SON DETOUR DU JOUR