Publié : 6 août 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : L’écrivain occitan Jean Boudou

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il part, à vos côtés, à la rencontre de l'écrivain occitan Jean Boudou.

Pont de Cirou

Le romancier et conteur occitan Jean Boudou est incontournable dans l’Aveyron où Naucelle possède une place Jean-Boudou et son collège Boudou, La Primaube une école primaire Boudou, Crespin a son Ostal Jean-Boudou qui accueille pendant l’été des spectacles comme chaque année. 2025 marque le demi-siècle de la disparition d’un homme tourmenté qui n’avait pas été favorisé par l’existence.

 

Qui était Jean Boudou ?

 

Jean Boudou était un homme de la terre, un paysan dans l’âme. Il était né dans une famille de petits paysans du Ségala, à Crespin, le 11 décembre 1920. Primaire à Crespin, Cours complémentaire à Naucelle de 1932 à 1938, Ecole normale à Rodez de 1938 à 1940, instituteur de campagne de 1941 à 1943 dans l’Aveyron, Service du travail obligatoire à Breslau en Silésie de 1943 à 1945. De ces deux années en Silésie, il reviendra marqué pour toujours. S’il retrouve l’enseignement qu’il exerce dans l’Aveyron puis en Auvergne et en Algérie où il s’expatrie en 1969, il est plus que jamais un écorché vif se réfugiant dans l’écriture et illustrant à sa manière – en militant communiste – la misère universelle et la misère occitane. Boudou a commencé à écrire en 1938 et continuera jusqu’à sa mort en 1975. Poèmes, romans, contes forment une œuvre puissante, singulière, qui dépasse l’Occitanie et la France, qui a été traduite en français dans les années 1980 et 1990, qui est donc accessible à tous.  

 

Jean Boudou avait une fascination pour le Viaur.

 

Cette rivière est la Via Aurea, chargée de paillettes d’or d’après la légende. Boudou était très attaché aux légendes et à ce territoire charnière entre le Rouergue et l’Albigeois, de Crespin, à Montirat et à Jouqueviel.

 

Sa mère était née à La Rivière, dans la commune de Mirandol en Albigeois mais paroisse de La Plancade en Rouergue. Sa mère et sa tante nourrirent son imagination de romancier et les contes publiés de 1951 à 1953. Le Viaur y est souvent présent, en charriant le souvenir des drames du temps. Dans les Contes dels Balssas, il raconte la destinée de la famille d’Honoré de Balzac, les Balssas de Canezac dont l’un des représentants s’expatria à Paris après une affaire criminelle. Dans La Quimèra, Boudou s’intéresse à Antoine Guiscard La Bourlie, célèbre abbé de Bonnecombe dans les gorges du Viaur près de Comps-La Granville, dans sa tentative de soulèvement du Midi contre Louis XIV.

 

Plusieurs territoires et localités sont rattachés à Jean Boudou en Aveyron. On y conserve aujourd’hui son souvenir.

 

Nous citerons, en premier, le Ségala de Crespin et le village de Crespin. Sa maison natale a été arrachée à la ruine et à l’oubli pour devenir l’Ostal Jean-Boudou où l’écrivain et l’homme sont présents grâce à une scénographie des plus réussies. A Saint-Laurent-d’Olt, Jean Boudou a été itinérant agricole dans les années 1950. Dans un musée, des panneaux et des documents le rappellent. En 1945, revenant de ses deux années de STO en Silésie, il retrouve l’école primaire de Durenque où il avait enseigné en 1942-1943 et où avait été également en poste un écrivain occitan, Arthémon Durand, dit Lo Picoral. Il y demeure quatre années et s’y marie en 1946. Enfin, son passage au Mauron de Maleville dans le Villefranchois en 1949 et pendant plusieurs années a été marquant puisqu’il le rapprocha d’un instituteur et écrivain occitan, Henri Mouly, de Compolibat. Il y aura également le Larzac où il participe aux meetings de 1973-74. Un écrivain à relire ou à découvrir.

 

ECOUTEZ DANIEL CROZES POUR SON DETOUR DU JOUR