Publié : 11 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : Boby Lapointe à Pézenas

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il part à la rencontre de Boby Lapointe à Pézenas.

Pézenas dans l'Hérault

Il était Piscénois d’origine, c’est-à-dire de Pézenas dans l’Hérault des vignes ; il a été scaphandrier et comédien à l’occasion ; il a été, surtout, le maître de la contrepéterie et du calembour comme nous le montrent les vidéos de son musée à Pézenas. Il s’appelait Boby Lapointe et Pézenas l’honore chaque printemps à travers le festival Boby Lapointe, le Printival.

 

Qui était-il ?

 

Boby s’appelait Robert et son patronyme était vraiment Lapointe. Né à Pézenas le 16 avril 1922, passionné par les mathématiques, il n’envisageait pas d’effectuer une carrière artistique mais peut-être de s’envoyer en l’air et de devenir pilote puisqu’il avait préparé le concours d’entrée à Sup-Aéro. Nous étions en 1943 sous le régime de Vichy. Pétain et Laval l’expédièrent comme de nombreux jeunes de sa classe d’âge dans le grand Reich travailler pour Hitler. Boby ne rentra jamais à Sup-Aéro et ne pilota jamais un avion. Il survécut grâce à des petits boulots. Imitant son aîné Sétois – ils avaient une année d’écart –, Georges Brassens, il s’installa à Paris et il proposa ses services de chanteur dans les années 1950 aux cabarets de la Rive Gauche. Il s’y produisit bien mais personne ne comprenait ses chansons qui n’avaient « ni queue ni tête » pour certains, avec son humour décapant. Elles demandaient réflexion et à être réécoutées à deux ou trois reprises, ce qui était parfois trop demander.

 

Comment réussit-il alors à percer ?

 

Avec sa célèbre chanson Aragon et Castille qui essuya un échec en 1956 – même interprétée par Bourvil ! – mais qui se transforma subitement en succès trois années plus tard en 1959.

 

C’était gagné pour Boby qui récidiva dès 1960 avec Framboise puis Saucisson de cheval (1966) tellement bien que Joe Dassin produisit en 1969 son 45 tours : La maman des poissons. Entre temps, il y avait eu Ta Katie t’a quitté en 1964. On la fredonne toujours. La chanson a une histoire. C’est l’histoire d’un amour qui se termine de manière tragique. Boby aimait profondément une femme dont il partagea le quotidien. Elle ne s’appelait pas Katie et il n’était pas Russe blanc comme dans la chanson mais c’était leur vie. Et cette rupture a été douloureuse. Son réveil a également fait tic-tac...

 

Boby a-t-il eu d’autres amours ?

 

Cet amour qui a inspiré Ta Katie t’a quitté l’a beaucoup marqué. Il y a eu d’autres femmes dans sa vie mais c’était différent. Il y a eu également ce duo d’amour avec Anne Sylvestre qui était son amie à l’époque du Cheval d’Or. Avec cet échange devenu célèbre et qui a traversé les décennies. « Depuis l’temps que j’attends mon prince charmant ! » soupire-t-elle. Et Boby Lapointe répond alors avec une gaucherie calculée, touchante : « Voilà j’arrive, mon aimée ! » Une chanson d’humour et d’amour comme Brassens – son compatriote héraultais – en avait composées même si elles étaient différentes. Boby Lapointe eut le bonheur de se produire en première partie de Brassens, à Bobino, en 1965. Les inconditionnels le retrouveront à Pézenas dans son musée, mais également dans de grands succès du cinéma puisqu’il effectua quelques apparitions devant la caméra notamment pour Les Choses de la vie de Claude Sautet, en 1970, avec Michel Piccoli et Romy Schneider. Le 29 juin 1972, Boby nous quittait. Tic-Tac, Tic-Tac. Mais il est éternel. Tic-Tac, Tic-Tac.

 

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