Publié : 15 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette
Ça vaut le détour : 75e anniversaire de la 1ère route mondiale
Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il célèbre le 75e anniversaire de la 1ère route mondiale en vous racontant son histoire.
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Ce n’est pas l’autoroute A 20 ni la nationale 20. Il n’y a jamais eu de bouchons mais, pourtant, c’est une route célèbre ! La première Route mondiale sans frontières ou Route mondiale numéro 1, a 75 ans. Elle a été inaugurée le 24 juin 1950 à Cahors, destinée alors à traverser un monde sans barrières, de la Chine et de l’Inde jusqu’à New-York en passant par Paris et Berlin.
Qui en est à l’origine ?
Ce sont des pacifistes de plusieurs pays qui ont lancé l’initiative après la Seconde Guerre mondiale pour éliminer les nationalismes et dépasser les idéologies meurtrières. Elle a été relayée en France par l’écrivain surréaliste André Breton qui s’était engagé dans cette cause en 1948, adhérant au Front humain des citoyens du monde. André Breton dont le souvenir demeure à Saint-Cirq-Lapopie dans le Lot, considérait que seule la révolte était créatrice de lumière et qu’elle ne pouvait comporter que trois voies : la poésie, la liberté et l’amour. Il se retrouve donc à Cahors le 24 juin 1950 pour inaugurer une borne au pied du Pont Valentré en compagnie d’Orson Welles, de Max Ernst et d’une foule de « citoyens du monde ». Cahors est, à l’époque, la première ville à signer une charte de mondialisation. C’est un événement dans le Lot puisqu’on inaugure également une deuxième borne à Saint-Cirq-Lapopie.
Cet événement changera la vie d’André Breton et ses relations avec le département du Lot.
Le 24 juin 1950, dans la soirée, le cortège marque une étape à Saint-Cirq-Lapopie qui est embrasé par des feux de bengale. C’est une révélation pour Breton qui raconte : « Saint-Cirq m’est apparue comme une rose impossible dans la nuit.
Cela dut tenir du coup de foudre si je songe que le matin suivant, je revenais avec la tentation de me poser au cœur de cette fleur : merveille, elle avait cessé de flamber mais restait intacte. » Quelque temps après, Breton acheta l’ancienne maison des mariniers, une bâtisse du XIIIe siècle dont l’architecture enserre une haute tour dépendante des châteaux de Saint-Cirq. Il y séjourna ensuite souvent jusqu’à sa mort survenue à la fin de l’été 1966. Une photo le représente avec Marx Ernst près de la borne de Saint-Cirq avec les mentions de Moscou (3 369 km) et de New-Delhi (6 969 km).
Ces bornes existent-elles encore et où les trouve-t-on ?
On peut en trouver aujourd’hui dans l’Aveyron. Au lendemain de l’inauguration de Cahors et Saint-Cirq-Lapopie, des bornes ont été installées à Bouillac, dans le Bassin et à L’Hospitalet-du-Larzac. La borne de Bouillac avait été volée en 2022 mais elle a été remplacée en décembre 2023. On peut y découvrir les distances qui séparent Bouillac de l’Oasis du Larzac (136 km), de Paris (577 kms), du Cap Nord (4 247 km) et de New-Delhi (6 730 km). Une troisième borne les complète. Elle n’existait pas dans les années 1950 et elle a été implantée en avril 2024 dans la commune de Firmi à proximité du bassin de la Forézie. Elle entend retenir l’attention des conducteurs et des passagers des 8 000 véhicules qui empruntent chaque jour la départementale 840, l’ancienne route Brive-Méditerranée. Pour y délivrer un message de paix et de fraternité par delà les différences religieuses, philosophiques, culturelles et politiques dans un monde déboussolé qui en a bien besoin.
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