Publié : 3 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette
Ça vaut le détour : Les 40 ans de la Route du Sel
Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous fait reparcourir cette fabuleuse Route du Sel pour son quarantième anniversaire.
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Nous vous emmenons aujourd’hui dans le Gard, sur les rivages de la Méditerranée, à Aigues-Mortes où Saint Louis avait embarqué pour la septième croisade le 28 août 1248 et où arriva la première Route du Sel le 3 juillet 1985, il y a maintenant 40 ans.
Pourquoi la première Route du Sel s’acheva à Aigues-Mortes alors qu’en 1986, l’année suivante, elle se termina à Rodez ?
La première année, Jean-Yves Bonnet – le créateur de la Route du Sel – a cherché pour arrêter son itinéraire à illustrer une légende sur les Croisades. On prétend que les habitants de Salmiech et de la région ont fabriqué au XIIIe siècle les pièces de bois nécessaires à la construction de la nef commandée par Saint-Louis pour voguer vers la Terre sainte. C’est une légende. Saint-Louis a bien vécu au XIIIe siècle mais aucun document ne prouve que les pièces de son bateau provenaient de Salmiech. Une certitude toutefois : Salmiech dont l’éthymologie signifie le milieu du sel, était bien au Moyen Age au centre du commerce du sel entre le Rouergue et le Languedoc. Il y avait donc une Route du Sel que le cavalier Jean-Yves Bonnet avait pratiquée à pied depuis Salmiech dans son enfance avec son grand-père. D’où le départ de Salmiech le 26 juin 1985.
Comment est née cette randonnée à pied, à cheval et en voiture à cheval entre l’Hérault et l’Aveyron ?
Elle est née d’une rencontre entre Jean-Yves Bonnet et Jacques Pradel, animateur d’émissions de radio et de télévision mais aussi cavalier. Jacques Pradel l’a invité dans l’une de ses émissions ; ils parlèrent de cheval avant de se retrouver en selle sur les chemins entre Aveyron et Hérault comme ensuite en 1985, 200 cavaliers, 10 attelages, 30 randonneurs pédestres. Le doyen âgé de 76 ans était le président de la ligue française de la protection du cheval. Dès sa présentation au Salon du cheval à Paris en décembre 1984, avant même sa première édition, la Route du Sel décrochait l’oscar de la meilleure idée du tourisme rural. Une excellente idée pour découvrir des superbes paysages : les rivages de la Méditerranée à Carnon, les confreforts du Larzac à Aniane et à La Vacquerie, le plateau du Larzac, La Couvertoirade, Millau, le Lévézou, Bouloc, Salmiech...
Y avait-il seulement des cavaliers et des randonneurs anonymes dans la première Route du Sel ?
Non. Grâce aux relations de Jacques Pradel et à la réputation de Jean-Yves Bonnet, le comédien Gérard Klein a participé à cheval à cette première Route du Sel. Il se distinguait alors par de superbes chevauchées dans Les Cavaliers de l’Orage avec Marlène Jobert et Vittorio Mezzogiorno. Il y avait également Hugues Aufray sur un cheval nommé Prince Noir. Comme j’étais alors journaliste et que je couvrais cette randonnée, il m’avait expliqué : « Je suis fait pour le cheval et le cheval est fait pour moi. C’est dans mon signe. Mes ancêtres – les Caubios d’Andiran – étaient des révoltés et ma mère était une vétiable cathare ! » Un dernier souvenir avec le spectacle médiéval de La Couvertoirade le samedi 29 juin 1985, marqué par les prestations d’Hugues Aufray, de Jean-Pierre Chabrol – l’écrivain cévenol –, du cascadeur Mario Luraschi. Si la Route du Sel n’existe plus, Hugues Aufray est toujours là. A 95 ans, il chante Bob Dylan qu’il a rencontré dès 1961 et c’est pour notre plus grand bonheur.
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