Ça vaut le détour : Les fontaines d’Anduze

Anduze dans le Gard n’est pas Rome et ses fontaines n’ont pas la réputation de la fontaine de Trévi toujours très courue. Mais elles constituent une curiosité méconnue alors que les quartiers de cette localité sont souvent dévastés par les crues du Gardon à l’automne ou même à l’approche du printemps lorsque les épisodes cévenols frappent le Gard.

 

Quelle est la plus ancienne ?

 

La plus ancienne et insolite pour son histoire est La Pagode dont l’édification remonte à 1648. Son architecture orientale et donc bien particulière s’explique par ses origines. Un négociant anduzien qui avait effectué un voyage aux Echelles du Levant pour en rapporter des graines pour ver à soie, la construisit pour ses compatriotes. Il demanda simplement qu’on respecte les dessins qu’il avait établis et qui s’inspiraient de l’architecture en usage dans les contrées où il avait séjourné. Les consuls l’acceptèrent, autorisant la construction du monument qui a traversé les siècles sans trop de modifications à l’exception de ses quatre pieds en bois soutenant la toiture et qui ont été remplacés par des colonnes en fonte, plus résistantes. La couverture a été conservée, en tuiles plates vernissées, fabriquées localement. La Pagode est le premier monument d’Anduze à avoir obtenu dès 1914 le classement de monument historique. 

 

Quelles sont les fontaines qui méritent également notre attention dans les quartiers d’Anduze ?

 

La fontaine de la place de la République ou fontaine de l’Eglise remonte à 1715, assez simple avec un fût de colonne polygonal en son centre et quatre becs.

 

La Fontaine de la place Notre-Dame est de la même époque, rappelant une chapelle disparue. La Fontaine de la rue du Pont est murale en revanche, datant des années 1770. Elle comportait autrefois un bassin rectangulaire en pierre taillée et moulurée qui a été détruit parce qu’il empiétait trop sur la rue. Mais la vasque en béton qui l’a remplacé n’a pas la même élégance. La Fontaine des Potiers ou des Terraillers est de la même époque. La Fontaine du Plan de Brie, de 1830, est monumentale. On l’appelle la Fontaine Pradier en hommage au sculpteur James Pradier qui en est l’auteur. Quant à la Fontaine du bicentenaire de la Révolution, elle date de 1989 avec trois colonnes qui illustrent les trois styles ionique, dorique et corinthien.

 

Il y a des fontaines que vous ne pourrez pas admirer à Anduze parce qu’elles ont disparu. Pourquoi ont-elles disparu ?

 

Le progrès est à l’origine de leur disparition. La desserte en eau potable des immeubles d’Anduze, intervenue en 1941, en parallèle à l’installation du tout-à-l’égoût, les avait rendues inutiles. Certaines mémoires en conservent toutefois le souvenir. Il y avait entre autres la Fontaine des Ânes, la Fontaine des Fainéants qui occupait le centre de la placette des Fainéants débaptisée aujourd’hui en place Cabrière, la Fontaine de la Pompe qui se trouvait à proximité de la rue de La Pompe. Il y avait également des fontaines aux entrées de la localité qui rendaient de grands services aux attelages et à leurs conducteurs qui arrivaient à Anduze ou en repartaient : la Fontaine de Fonfassot et la Fontaine de Madame d’Anduze. C’est également un mode de vie qui a disparu avec elles puisque la fontaine était le point de rendez-vous des femmes venues renouveler leur provision d’eau. On échangeait des nouvelles, des rumeurs circulaient et des disputes éclataient parfois. C’était un autre temps.

 

ECOUTEZ DANIEL CROZES POUR SON DETOUR DU JOUR