Publié : 30 avril 2025 à 12h33 par La rédaction
Votre boulangerie sera-t-elle ouverte ce 1er mai ?
Le 1er mai n’est pas un jour comme les autres, même pour les boulangers. Théoriquement, seuls les patrons peuvent travailler.
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Prenez vos précautions. De nombreuses boulangeries risquent de rester fermées ce jeudi 1er mai. Car le 1er mai n’est pas un jour comme les autres, même pour les boulangers. Théoriquement, seuls les patrons peuvent travailler. Pendant longtemps, la question n’a pas fait de vagues, jusqu’à ce que des artisans se fassent épingler, au tarif de 750 euros par salarié en infraction. Comment sortir de cette impasse ? Éléments de réponse avec Dominique Anract, le patron de la Confédération Nationale de la Boulangerie.
Cette question de l'ouverture des boulangeries le 1er mai, elle est revenue sur le devant le la scène l'an dernier ?
Oui, tout à fait. Depuis plus de 100 ans, on travaille le 1er mai, mais il n'y avait jamais eu de problème. Même si ça peut paraître interprétation en dehors de la loi, parce que aucun salarié ne devrait travailler. Sauf quand il y a une bonne raison pour le faire. Il a fallu qu'on demande une position au ministère, qui nous a dit, en fait il faut trancher. Vous ne faites pas partie des commerces essentiels, et après il y a aussi le fait des inspecteurs qui sont complètement indépendants et qui ont une vision indépendante et individuelle, ce qui est normal, puisque c'est leur travail.
Et ils appliquent effectivement, en gros, la décision de la Cour de cassation, qui est venue casser la dérogation qui était accordée au secteur. Aucun salarié de boulangerie ne doit travailler ce jour-là, c'est une règle spécifique à ce jour férié.
En fait, nous, on a quand même huit ou neuf jours fériés, le jour de l'an, Noël, etc. Donc les gens peuvent être ouverts. C'est dans les conventions collectives et ils sont payés double. Tout est réglé et c'est dans la pleine légalité. Par contre, le 1er mai est vraiment une journée très particulière. Et là après, c'est vraiment une interprétation. C'est-à-dire, est-ce que quelqu'un peut estimer qu'il y a un vrai besoin d'ouvrir ? Oui ou non ?
Les opposants à cette dérogation vont vous dire, est-ce que c'est si grave si un jour par an, on mange du pain de la veille ?
Alors, effectivement, après il faut réfléchir, ça dépend de ce qu'on veut faire. Le pain est quand même quelque chose qui est bien quand il est frais. Je prends le problème à l'envers : un boulanger, il fait son pain de la veille. C'est-à-dire que le pain du 1er mai, il le fait la veille. Donc il va doubler le travail, il a des gens qui sont pas payés double. Quelque part, avec un véritable calcul de marge, je suis pas sûr que le 1er mai soit une journée où on gagne beaucoup d'argent. Mais ça, un boulanger, il ne fait pas ce calcul. Il ouvre parce que ça fait partie des missions, parce que les gens le demande.
Est-ce que vous ne craignez pas, de la part des centrales syndicales, qu'on vous reproche de tordre le coup à l'esprit de la fête du travail, en demandant à ouvrir plus facilement ?
Alors, évidemment, ça peut être un sujet qui peut faire débat. Après, moi, j'ai quand même beaucoup de gens qui veulent travailler le 1er mai, une journée où on est payé double. Après, c'est aussi une tradition du 1er mai par les centrales syndicales, évidemment, mais on a quand même en boulangerie, un domaine un petit peu particulier. Vous savez, on travaille le 31 décembre, le 1er janvier, on travaille la nuit pendant que certains dorment...un peu à l'envers de certains métiers. C'est aussi pour ça que depuis une centaine d'années, personne s'est posé la question parce qu'il y a eu une espèce d'évidence d'ouvrir le 1er mai. Alors après, je vous dis, il n'y a vraiment pas d'obligation là-dessus. Et si toutefois, on faisait un projet de loi, ça serait sur le volontariat.