Publié : 14 juin 2025 à 1h39 par Johan Gesrel

Prison avec sursis requis contre l'ex-procureur de Cahors jugé pour violence intrafamiliale

L'ancien procureur de Cahors Alexandre Rossi était jugé ce vendredi 13 juin devant le tribunal correctionnel de Montauban pour violence intrafamiliale sur son ex-épouse et un de ses fils. Sur fond d'instance de divorce son épouse était aussi jugée pour avoir espionné son mari.

Alexandre Rossi Procureur de la République de Cahors.
Alexandre Rossi Procureur de la République de Cahors.
Crédit : Johan Gesrel

Quand un magistrat se retrouve sur le banc des prévenus. L’ancien procureur de Cahors Alexandre Rossi était convoqué ce vendredi 13 juin devant le tribunal correctionnel de Montauban. Aujourd'hui en poste au parquet général d'Aix-en-Provence en tant que substitut, il comparaissait pour "violence suivie d'incapacité n'excédant pas huit jours, en présence d'un mineur" par conjoint, concubin ou partenaire et pour "violence sans incapacité sur un mineur par un ascendant ou une personne ayant autorité sur la victime en présence d'un autre mineur".

Au cours de ce procès, son ex-épouse Caroline Legrand était aussi jugée pour « atteinte à l’intimité de la vie privée » pour avoir filmé et enregistrer le procureur à son insu à leur domicile. Après trois renvois d'audience en un an c'est donc un procès fleuve de 8 heures qui s'est déroulé sur fond de grand déballage de la vie intime de cette famille.

 

Le procureur et l'influenceuse "tall girl"

Dans un costume bleu royal, du haut de ses 2 mètres, Alexandre Rossi s’avance à la barre fixant les juges sans jamais jeter de regard sur son ancienne épouse, une grande femme blonde vêtue d'une veste kaki. Cette ancienne infirmière libérale s'est reconvertie influenceuse sur Internet. Avec 80 000 followers elle donne des conseils vestimentaires pour les "tall girl" comme elle.

 

"Quand papa s’énerve il se transforme en Hulk"

"Aujourd'hui, je ne suis pas un magistrat, pas un collègue, je suis un père, un homme calomnié", annonce Alexandre Rossi. Sur les coups portés à sa femme et le fait de l'avoir fait trébucher près d'un petit escalier : "je n'ai jamais poussé mon épouse, la violence me répugne". Arrive la question des violences sur un de ses fils de 12 ans. Des coups de pied dans les jambes, des coups de poings dans le ventre dans la voiture. "Quand papa s’énerve il se transforme en Hulk, il devient tout rouge", rapporte l’audition d’un des enfants.  "On a voulu me faire passer pour un monstre" réplique Alexandre Rossi, "sur les actes de violence je ne sais pas de quoi on parle. J'ai une horreur de la violence."

 

Les juges sont aussi beaucoup revenus sur une scène près d’une piscine. Ce jour-là Alexandre Rossi aurait jeté une perche sur la tête d'un des fils qui se chamaille avec son frère dans le bassin. Un geste violent d’énervement selon les enfants. "Je voulais juste séparer mon fils qui tentait de noyer son frère" justifie l’ancien magistrat de Cahors.

 

"En devenant procureur (...) il se prenait pour Brad Pitt"

Et puis il y a les insultes proférées aux enfants comme "bon à rien " "va te faire foutre". Une violence psychologique estime le procureur de Montauban Bruno Sauvage qui requiert deux mois de prison avec sursis et un stage de parentalité à l’encontre d’Alexandre Rossi.

 

1000€ d’amende sont aussi requis contre Caroline Legrand pour avoir posé une caméra cachée dans la hotte de la cuisine afin de filmer son mari accusé d’infidélité. Des micros avaient aussi été placés dans la voiture familiale. Un détective privé avait aussi été embauché. "Oui j’ai espionné mon mari pour trouver les preuves de relations extra conjugales (...) J’ai trouvé des préservatifs dans sa sacoche. En devenant procureur, il est devenu mégalo, il se prenait pour Brad Pitt."

 

"Quand une femme se venge, même le diable s'assoit pour prendre des leçons".

Mourad Batthik l’avocat d’Alexandre Rossi plaide lui la relaxe. Il dénonce avec vigueur une enquête à charge où les paroles des enfants seraient téléguidées par la mère. Il dénonce aussi les stories Instagram de Madame avec ses messages pleins d’allusion à l’encontre du procureur de Cahors : "Quand une femme se venge, même le diable s'assoit pour prendre des leçons".

 

En début d'audience, la défense a sollicité pour la quatrième fois un renvoi du dossier pour exiger un complément d’information. Les expertises psychologiques ont été conduites par des médecins légistes déplore l’avocat : "Ce n'est pas sérieux. Donnez moi un café et un ticket à gratter et je vous fais moi aussi une expertise psychologique de comptoir. "

 

Pour Mourad Batthik, "on a voulu se taper un procureur" à travers cette affaire où "les médias font leur choux gras". Il pointe au passage des réquisitions stratégiques du parquet de Montauban "pour la beauté du geste, pour sauver l'exemplarité et montrer qu'on est impartial même entre collègues alors que le dossier est creux." 

Les juges ont mis leur décision en délibéré au 1er août 2025.