Publié : 15 juillet 2025 à 17h12 par Fanny Paul

Hôpital d'Aurillac : un audit parle de « management de la terreur », la directrice s'en défend

Un audit sur les risques psychosociaux des agents au sein de l'hôpital d'Aurillac a été présenté en fin de semaine dernière au personnel, après des questionnaires et des entretiens individuels.

TOTEM

La mine est grave et concernée. L'intersyndicale de l'hôpital d'Aurillac s'est réunie mardi 15 juillet, après le compte rendu d'un audit qui accable la direction de l'hôpital d'Aurillac. Pour Emmanuel Delfau, de l’intersyndicale, il y a une phrase a retenir de cet audit : « Je cite - Les choix de la direction enfoncent cet hôpital dans une impasse stratégique qui est organisationnelle, fonctionnelle et éthique. P- Je crois que tout est dit ».

 

Management de la terreur

Un audit sur les risques psychosociaux des agents au sein de l'hôpital d'Aurillac a été présenté en fin de semaine dernière aux personnels, après des questionnaires et des entretiens individuels. 1000 au total, sur environ 1750 agents. Et certains chiffres parlent d'eux-mêmes : depuis l'arrivée de la nouvelle directrice de l'hôpital en 2022 sur une année, il y a eu 88% d'arrêts maladie en plus au sein des agents. Les démissions aussi augmentent. « L'intersyndicale attend des changements au niveau d l'axe direction générale, mais aussi des RH et la direction des soins comme c'est stipulé dans le rapport, puisque il est hors de question pour nous de continuer à travailler en confiance avec cette direction. » A noter que le manque de moyens également au sein de l'hôpital est pointé du doigt dans l'audit.

 

La restitution de l'audit a été mise en ligne sur Youtube par la CGT de l'hopital d'Aurillac

Santé en danger, loi bafouée

« On est vraiment très inquiets pour la santé de nos collègues puisqu'y en a qui consulte très régulièrement des médecins, il y en a plein qui prennent des médicaments. Enfin on peut pas continuer comme ça. Et on a même des collègues qui ont failli mettre fin à leurs jours » poursuit Emmanuel Delfau qui parle de politique de la terreur. « Il faut mettre en application les préconisations du cabinet d’expertise. C’est un rapport qui est solide, et qui dénonce ce que nous dénonçons depuis longtemps. »

Mais il n’y a pas que la santé, il y a aussi la loi qui serait remise en question. « Il va falloir se mettre en conformité avec la loi puisque l'inspectrice du travail l'a bien signalé pendant la restitution : le fait de pas produire les documents obligatoires en en matière de prévention, ça constitue un délit, c'est le mot qu'elle a prononcé, c'est un délit. Donc effectivement c'est passible des des tribunaux. Notre syndicat est d’ailleurs en contact avec un avocat pour voir si on peut avoir des qualifications pénales à tout ce qui se passe en ce moment sur l'établissement. »

 

La réponse de la directrice

Après avoir été sollicité par Totem, la directrice de l’hopital Henri Mondor d'Aurillac Christine Wilhelm nous a répondu par mail : « Je suis de manière évidente, très affectée et touchée par les résultats de ce rapport. J’ai rejoint le CHHMA en 2022, et je n’ai eu de cesse d’œuvrer à l’amélioration des process, des recrutements, et de veiller à l’amélioration du bien-être et des conditions de travail des agents. »

La directrice défend son bilan, évoquant plusieurs années de retard comme une stratégie d'embauche des infirmières, la fluidification des processus de recrutement Ou encore la relocalisation de plusieurs services pour améliorer les conditions de travail et l'accès aux soins. La directrice explique aussi avoir recruté un médecin du travail.

Christine Wilhem annonce aussi que « Dès le mois de septembre, nous ferons une analyse complète des risques professionnels, et les cadres de proximité entendront les personnels pour les écouter, mettre en avant les freins et les contraintes concrets auxquels ils font face et qui les impacte au quotidien, sur lesquels nous allons travailler et trouver des solutions pérennes, ensemble. »

Pour lire sa réponse complète, c'est ici 

Une salle de pause vide et des canapés jamais utilisés : l'espace bien-être pour les agents de l'hôpital d'Aurillac reste vide, pointe du doigt l'intersyndicale de l’établissement, après son inauguration en juin dernier. « Après avoir fait 12 h de travail, dans des conditions délétères, les agents n'ont pas envie de faire du sport ou de faire une sieste sur leur lieu de travail mais veulent rentrer chez eux » expliquent les syndicats. Montant total : 93000€, dont 43000€ pour l'hôpital aurillacois.