Publié : 31 juillet 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : Les burons du Cézallier

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous amène dans la montagne au coeur des burons du Cézallier dans le Cantal.

Buron du Cézallier

Nous vous emmenons, aujourd’hui, dans le Cézallier cantalien à la découverte du monde agro-pastoral d’autrefois et des burons qui sont moins connus que les burons des monts du Cantal mais qui ne manquent pas d’intérêt. On y a longtemps fabriqué des fourmes, les troupeaux y estivent toujours du printemps à l’automne.

 

Qu’est-ce qui distingue le Cézallier des monts du Cantal ?

 

L’altitude. Elle y est moins élevée et le Signal du Luguet culmine à 1 555 mètres seulement contre 1 858 au Plomb du Cantal. Ses paysages ensuite. Ils forment une transition entre Monts du Cantal et Monts Dore. C’est un pays de crêtes et de lignes avec de vastes croupes aplanies ou ovales entrecoupées de vallons à fond plat ou d’une vallée qui devient plus large et encaissée. Avec ses horizons dégagés que les déboisements ont contribué à accentuer à travers les siècles, ses tourbières et ses herbages battus par les vents, le Cézallier s’étend sur les trois départements du Puy-de-Dôme, de la Haute-Loire et du Cantal. Il se présente pour reprendre l’expression de l’écrivain Henri Pourrat comme « une montagne dépouillée pour patriarches à barbe roide et pasteurs taciturnes ».

 

D’où sa vocation herbagère et pastorale.

 

La transhumance y a été pratiquée dès le Moyen Age et on y a fabriqué du fromage. En témoignent des photographies aériennes des pâturages de La Govidelle entre Condat (Cantal) et Ardes dans le Puy-de-Dôme. On y distingue les vestiges d’habitat, des cabanes qui étaient creusées dans le sol. Il y eut ensuite des burons qui ont été construits en pierre, plus ou moins inspirés du modèle de leurs plus proches voisins des Monts du Cantal.

 

En pierres sèches avec des voûtes en forme d’encorbellement qui se terminaient par des grandes dalles de pierre. Edifiés sur la pente du terrain ou sur les croupes pour dominer et surveiller les estives. Ils étaient courants aux XVIIe et XIXe siècles puis toujours présents au tournant du XXe siècle avant que cet habitat s’améliore pour proposer de meilleures conditions aux saisonniers, concentré sur la région d’Allanche et de Landeyrat. La fabrication de la fourme de Cantal y a été longtemps effectuée. Par exemple en 1991, dans la montagne de Boutifarre et son buron, trois hommes s’occupaient d’une soixantaine de vaches laitières pendant leur estivage sur les pâturages et ils produisaient du fromage.

 

La romancière Marie-Hélène Lafon est née en Cézallier. A-t-elle consacré quelques pages dans son œuvre sur les burons ?

 

Marie-Hélène Lafon est habitée par le Cézallier ! Elle y est née dans une famille d’éleveurs de la vallée de la Santoire – fabriquant du fromage de saint-nectaire – et la Santoire est très présente dans ses ouvrages. L’un de ses personnages s’appelle même Santoire ! Elle a consacré quelques pages aux burons dans Album, en 2012. « Ils restent et demeurent, plantés, quand tout déserte, hommes et bêtes dociles – écrit-elle. Ils restent en vigie à la crête des années. Ils sont un corps, ils ont un dos d’écailles lourdes, une cuirasse de guerrier caparaçonné pour mille ans... Leurs portes grises de bois couturé se taisent, fermées sur d’ordinaires secrets, quand elles ne battent pas, arrachées, dégondées... » Cet été, plongez-vous dans les romans de Marie-Hélène Lafon et vous y découvrirez l’âme du Cézallier. Rappelons qu’elle a obtenu le Renaudot des lycéens en 2001 et le Renaudot en 2020 avec Histoire du fils.

 

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