Publié : 13 août 2025 à 10h15 par Romain Rouquette

Ça vaut le détour : La Lozère et le cinéma

Tous les jours de l'été, l'historien et écrivain aveyronnais, Daniel Crozes vous emmène en balade à la découverte des petites et grandes histoires qui font la richesse de nos régions. Aujourd'hui, il vous raconte le l'histoire du lien étroit qui a existé et qui existe encore de nos jours entre la Lozère et le cinéma français.

Causse du Méjean (Lozère)

Des paysages superbes, sauvages, préservés et diversifiés des Cévennes au causse Méjean et à l’Aubrac. C’est ce qui compose la Lozère. Ces grands espaces, ces maisons de pierre, ces chemins à travers les montagnes, l’histoire des hommes, les réalisateurs les apprécient.

 

Depuis des décennies, la Lozère est un plateau naturel de cinéma. A quand remonte le premier tournage ?

 

Il semblerait que le premier tournage remonte à 1961 avec Le Miracle des loups d’André Hunnebelle à Meyrueis et dans la région, classique de cape et d’épée mettant en scène Jean Marais, Roger Hanin, Jean-Louis Barrault. La Lozère convient aux reconstitutions historiques. René Allio et Christian Fechner l’ont bien compris. Le premier a campé le décor des Camisards en 1972 à Saint-Germain de Calberte avec Jacques Debary et Gérard Desarthe. Il installa sa caméra sur les lieux, ou quasiment, où se déroulèrent les combats sanglants qui opposèrent les camisards, protestants, emmenés par Abraham Mazel et Gédéon Laporte, et les troupes royales après la révocation de l’Edit de Nantes. C’est poignant ! Quant à Christian Fechner, il emmena son équipe à La Garde-Guérin, village fortifié et bien esseulé sur le plateau qui domine les rochers des gorges du Chassezac pour Le Bâtard de Dieu en 1993. Son film se déroule au XVIIe siècle et le paysage ne pouvait que convenir aux décorateurs.

 

D’autres réalisations ont marqué les Lozériens...

 

A commencer, évidemment, par La Grande vadrouille de Gérard Oury en 1966. Dans la dernière scène, on reconnaît l’aérodrome de Mende avec Louis de Funès-Bourvil.

 

Ne quittons  pas Mende sans signaler le tournage aux abords de la prison de plusieurs scènes de Mesrine, d’André Génovès, en 1984. L’ennemi public n° 1 souhaita attaquer le quartier de haute sécurité pour que ses occupants s’en échappent... L’Aubrac lozérien a été aussi apprécié par Jean Giono en 1963 pour l’adapation de son roman Un roi sans divertissement, aux Hermaux, mais également par Colline Serreau, en 1996, pour son film La Belle Verte autour de Marchastel et au lac de Saint-Andéol. Indiquons maintenant le plus sulfureux : 37,2° le matin, de Jean-Jacques Beineix, 1986. C’est à Marvejols que Betty (Béatrice Dalle) et Zorg (Jean-Hugues Anglade) se réfugient après l’incendie de leur maison sur pilotis à Gruissan. Mais la scène est bien moins torride qu’au début du film.

 

Le sublime causse Méjean séduisit-il également ?

 

Il paraissait difficile de l’ignorer ! Les grands causses attirent et subjuguent. Robert Enrico n’y a pas résisté en 1967 pour le film Les Aventuriers ni Edouard Molinaro pour Mon oncle Benjamin en 1969 avec Jacques Brel ni Win Wenders en 1991 pour Jusqu’au bout du monde. Le personnage de Win Wenders, Trévor qui est incarné par William Hurt, traverse le Méjean puis le Mont Lozère. Il y rencontre Eddy Mitchell. Ce caméraman voyage beaucoup et provoque de la curiosité auprès de nombre de personnes qui convoitent sa caméra mais également d’une jeune femme, Claire (Solveig Dommartin), qui en est amoureuse. La caméra qui a été imaginée par le père de Trévor, est révolutionnaire car elle permettra aux aveugles de voir... Terminons mais d’une manière provisoire avec Le Frère du guerrier de Pierre Jolivet (2002) et sa superbe distribution : Vincent Lindon, Guillaume Canet, Mélanie Doutey, François Berléand. A découvrir ou à revisionner.

 

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