Publié : 2 novembre 2025 à 9h10 par FTB

Aire de grand passage fermée : le bilan à Saint-Étienne-de-Tulmont

Réquisitionnée par la préfecture en l’absence d’accord entre les intercommunalités, l’aire de grand passage installée à Saint-Étienne-de-Tulmont a été fermée le 5 octobre. Si le préfet de Tarn-et-Garonne défend une gestion globalement réussie, l’association La Clare-Dariac, opposée au projet, dénonce une installation coûteuse, sous-utilisée et mal adaptée. Le débat sur une solution pérenne reste ouvert.

L'aire de grand passage réquisitionnée à Saint-Étienne de Tulmont a été rendue à son propriétaire
L'aire de grand passage réquisitionnée à Saint-Étienne de Tulmont a été rendue à son propriétaire
Crédit : CB

 

« Ce n’est pas un système pérenne », affirme Vincent Roberti, préfet de Tarn-et-Garonne. Pour la deuxième année consécutive, l’État a dû réquisitionner un terrain agricole pour répondre à l’obligation légale d’accueil des grands passages de gens du voyage. Après Montbartier en 2024, c’est à Saint-Étienne-de-Tulmont que l’aire a été installée en 2025, suscitant l’inquiétude des riverains. « Une très grosse injustice », résume de son côté Clément Butty, trésorier de l’association La Clare-Dariac, mobilisée contre cette installation.

Du côté de la préfecture, le bilan est jugé globalement positif : « Nous avons pu accueillir cinq grands passages sur les neuf prévus, grâce à l’association Hacienda qui a permis de gérer la vie sur l’aire et d’assurer les départs dans les délais », explique Vincent Roberti. « L’aire a été remise en état et rendue à l’agriculteur. L’État respecte sa parole. »

Mais pour Clément Butty, le constat est plus nuancé : « il faut l’admettre, on n’a pas eu les nuisances sonores auxquelles on s’attendait. Ça ne signifie pas qu’il n’y en a pas eu. Il y en a eu quelques-unes au début de l’été, puis il y en a plus eu par la suite ». Mais les déchets ont toutefois marqué les esprits :

« À l’entrée de l’aire et au croisement de la départementale, on retrouvait des canettes, des paquets de biscuits… c’est infernal ! Alors que des conteneurs étaient mis à disposition », déplore le trésorier de l’association.

Vue aérienne du terrain réquisitionné

Autre grief, le choix physique du terrain. Clément Butty poursuit « l’emplacement n’a ni convaincu les riverains, ni les gens du voyage. Ils constataient à leur arrivée que l’aire n’était pas assez enherbée, pas assez ombragée et était aux abords d’un croisement dangereux ».

Ce qui a amené certains à partir sur d’autre site, comme à la fin juillet, à Montbeton. Vincent Roberti le confirme « nous avons eu d’autres mouvements extérieurs à l’aire, des mouvements sauvages, mais grâce au fait qu’une aire existait, ça m’a permis de mettre en demeure les gens du voyage et les faire partir de force lorsqu’ils s’installaient. Ce que je n’aurai pas pu faire sans aire de grand passage ».

 

Place maintenant aux discussions pour trouver une aire pérenne. Elles ont débuté dès le lendemain, le 6 octobre, avec la tenue d’une commission départementale des gens du voyages. Reste donc aux responsables des collectivités, et maires, à se mettre d’accord. Ce qui sera probablement possible, seulement après le mois de mars, et les élections municipales.

 

UN COÛT TOTAL ÉLEVÉ

« L’investissement n’est pas loin de 200 000 euros », indique Vincent Roberti,. Une somme qui ne comprend pas encore les frais de fonctionnement, ni les coûts liés à la gestion quotidienne de l’aire par l’association Hacienda.

Si l’État a subventionné plus de 50 % des travaux, le reste est à la charge de la collectivité locale. Pour alléger cette charge, le préfet a mis en place un mécanisme de solidarité entre intercommunalités :

« L’EPCI qui supporte l’aire reçoit une aide financière des autres EPCI du département, au prorata de leur population. »

Ce modèle avait déjà été appliqué à Montbartier en 2024, avec neuf intercommunalités sur dix ayant contribué. Il sera reconduit pour Saint-Étienne-de-Tulmont.

 

UNE PERLE RARE À TROUVER

Au-delà de l’accord à donner par les maires et responsables des EPCI (Établissement public de coopération intercommunal), ou encore l’approbation de la population, il faut un terrain qui réponde à plusieurs critères selon la loi Besson (2000) et le schéma départemental établi en 2024 : une surface de 3 à 4 hectares (plus proches des 4 hectares), une proximité aux des grands couloirs de circulation (autoroutes A62 et A20) avec un accès facilité, et la possibilité d’amener eau et électricité, et de gérer l’ensemble de la vie (poubelles, etc…). Un terrain de surcroit plat, avec une allée centrale stabilisée, et de l’herbe (pour éviter trop de poussière). Une perle rare.