Publié : 28 avril 2025 à 8h04 par Fanny Paul
Pourquoi les médecins sont en grève aujourd'hui ?
Un mouvement de grève touche les médecins et internes en réaction à une proposition de loi qui vise à réguler leur affectation dans les déserts médicaux.
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Vous aurez peut-être du mal à décrocher un rendez-vous avec un médecin ce lundi et demain. Un mouvement de grève touche les médecins et internes en réaction à une proposition de loi qui vise à réguler leur affectation dans les déserts médicaux. Le mécontentement vient d'une proposition de loi transpartisane, à l'initiative de Guillaume Garot (PS), dont l'article phare a été adopté début avril par l'Assemblée nationale, l'examen du reste du texte étant prévu début mai. Le gouvernement, hostile au projet Garot, a allumé un contre-feu vendredi 25 avril, en présentant comme une alternative à la "fin de la liberté d'installation" un plan de lutte contre les déserts médicaux. Mais la mesure phare mise en avant par François Bayrou, à savoir imposer jusqu'à deux jours par mois de temps de consultation aux médecins dans les zones prioritaires du territoire, a aussi braqué certains praticiens.
Obligation
Certains considèrent cela comme une atteinte à leur liberté. C’est le cas de Pauline Mercier, médecin à Puycapel, là même où vendredi 25 avril, le premier ministre a présenté son propre plan de lutte contre les desserts médicaux. La médecin attendait d’autres mesures.
Je peux pas soigner mieux, voir plus de gens, et coûter moins cher, c'est pas possible. Les médicaments augmentent, tout augmente, voilà on peut pas faire de miracle comme ça. Et de la coercition, ça ne fera que faire fuir les internes pour s'installer, alors qu'ils fuient déjà. Limiter les remplacements à 4 ans comme dans la proposition de loi Garot, ça va être une catastrophe, on a déjà pas de remplaçant, je ne prends pas 5 semaines par an de vacances, je n'en peux plus. On a besoin de remplaçants, on les a pas. Donc les obliger à s'installer après, ils vont partir de plus en plus vers le salariat. Tant mieux si ça renfloue un peu les postes vacants à l'hôpital, mais pour la ville, ce ne sera pas la solution.
La médecin rappelle qu’elle est déjà soumise aux obligations.
Nous on a déjà une obligation déontologique de faire des gardes. Il y a 97% du territoire qui est couvert par des gardes de week-end, ici on participe tous aux gardes du week-end, même les médecins salariés. Qu'est ce qu'on va faire ? On va nous rajouter des gardes de nuit ? Quand il y a une obligation, jusqu'où on va ? Je vais faire des gardes de nuit, je pourrai pas ouvrir mon cabinet le lendemain, donc au lieu de voir 30 patients en journée, je verrai ceux de la nuit. Et quelles sont vraiment les urgences de nuit en médecine générale ? Voilà, c'est problématique. Y a des choses pas logiques et encore une fois ça va faire fuir des médecins qui pourraient vouloir s'installer.