Publié : 22 mai 2025 à 8h53 par La rédaction

Nouvelle-Aquitaine : bientôt des QR Codes le long du parcours sanglant de la division Das Reich

Pour commémorer les victimes de la division Das Reich au printemps 1944, des bornes connectées vont jalonner, à partir de dimanche, le parcours des troupes SS en Nouvelle-Aquitaine.

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Crédit : Totem

L'Histoire a surtout retenu les massacres d'Oradour-sur-Glane et de Tulle, mais "c'est une machine de guerre qui traverse tout le Sud-Ouest à ce moment-là", souligne l'historien corrézien Hervé Dupuy, spécialiste de la Seconde Guerre mondiale. La division Das Reich, composée d'environ 15.000 hommes et de blindés, était alors stationnée dans la région de Montauban. Après le débarquement allié du 6 juin 1944, elle reçoit l'ordre de gagner la Normandie.

Victimes

En Nouvelle-Aquitaine, ses troupes vont parcourir plus de 400 kilomètres à travers cinq départements (Corrèze, Creuse, Dordogne, Haute-Vienne et Lot-et-Garonne), et y faire de nombreuses victimes. "Il nous est apparu, quand on a calculé la distance, qu'il y a eu une exaction tous les six kilomètres", relève Maurice Caumières, président de l'association "La mémoire en chemin", qui porte le projet.

Elle et quinze autres de la région ont rassemblé les informations historiques disponibles sur le déferlement de violences de cette unité Waffen SS, composée alors de nombreux jeunes engagés - dont des Alsaciens - et de vétérans ayant déjà multiplié les atrocités en Europe de l'Est. "Tout au long de leur parcours, (...) ils ont régulièrement commis des exactions, des fusillades, des incendies de fermes et d'habitations. Ce qu'ils avaient déjà fait quand ils étaient cantonnés dans la région de Montauban", décrit Hervé Dupuy. "Leur objectif était de neutraliser les maquis", particulièrement actifs pour ralentir leur progression, tout en "terrorisant la population pour la dissuader de soutenir les maquisards", ajoute l'historien. "N'importe qui pouvait être touché, frappé, même sans être impliqué directement dans la Résistance."
Le 7 juin 1944, 11 personnes sont ainsi fusillées à Saint-Pierre-de-Clairac (Lot-et-Garonne) ; le lendemain, 16 civils meurent à Rouffillac-de-Carlux (Dordogne).

QR Code

Un QR code figurant sur des bornes mémorielles en forme de cube noir, faites de lave émaillée, permettra aux visiteurs, via leur smartphone, d'accéder à un court film introductif sur les exactions commises par la division Das Reich. L'utilisateur sera ensuite redirigé vers le site internet du projet, où il pourra consulter une fiche informative sur le lieu et découvrir une cartographe interactive référençant les autres sites. "Nous voulons essayer de faire de ce chemin, non pas un chemin du passé, mais un chemin du présent, voire de l'avenir", explique Maurice Caumières.

Marqué, durant son enfance, par la terreur semée par les troupes SS qui arrêtèrent son oncle lors d'une rafle à Lacapelle-Biron (Lot-et-Garonne), le président de l'association a consacré une partie de sa vie à sensibiliser sur ces crimes. Le projet de parcours mémoriel est l'un de ses derniers combats: désireux de "déposer ce fardeau" devenu "trop lourd", il a souhaité créer une "œuvre pédagogique" pour la transmettre "aux jeunes générations".

Après une première borne dimanche à Lacapelle-Biron, les autres seront installées progressivement, notamment à Tulle en Corrèze (99 civils pendus, et 101 tués en déportation) et à Oradour-sur-Glane en Haute-Vienne (643 habitants mitraillés et brûlés dans des granges et l'église du village). Soutenue par la Région Nouvelle-Aquitaine, à hauteur de 115.000 euros, l'association a par ailleurs lancé une cagnotte en ligne pour financer la pose des dernières bornes.

"Depuis plusieurs années, la Région a fait du devoir de mémoire l'un des axes forts de sa politique patrimoniale (...) On veut que la population s'approprie l'histoire locale", souligne Christophe Cathus, conseiller régional de Nouvelle-Aquitaine délégué au patrimoine.

Avec AFP