Nos festivals de musique de l’été sont-ils menacés ?

Une récente étude du Centre national de la musique révèle que deux festivals français sur trois étaient déficitaires l’an passé. Les autres rendez-vous de nos territoires ne sont pas en reste : moins 6000 festivaliers pour le Brive Festival, moins 2000 pour Aurillac en Scène. Seul Montauban en Scène en gagne 4000, après une édition 2024 qui avait été marquée par les intempéries.

Concurrence 

C’est le cas cette année de Pause Guitare, à Albi par exemple. Le festival a perdu plus de 20000 festivaliers en 5 années. Marine Perroux est la co-directrice du Festival : "Depuis un temps, on était pas nombreux en tout cas dans notre région. Et c'est vrai qu'aujourd'hui, il y a une concurrence qui est vraiment importante, donc forcément le public doit choisir où aller." Plus de 3000 festivals en France, c'est beaucoup, d'autant que dans le même temps, le renouvellement d'artistes lui se fait attendre, précise Stéphane Canarias, le directeur de Festival production qui gère le Lovely Brive Festival, mais aussi Montauban et Aurillac en Scène. "C'est un marché qui est plutôt favorable aux artistes,à l'offre qui est stable et par contre on a une demande des festivals qui sont beaucoup plus nombreux."

Cachets

Conséquence, ces dernières années, le cachet des artistes a explosé. "Une tête d'affiche française aujourd'hui, c'est entre 150 et 250 000 euros. Le prix d'un artiste en développement qu'on vient de découvrir, c'est déjà 15, 20, 30000 euros". Côté Star internationale aussi poursuit Marine Perroux "Sting, on l'avait accueilli par exemple en 2012, 13 ans plus tard, forcément, son cachet a doublé."

Particularité, l'été, Springsteen, ACDC, Imagine Dragons ou encore Beyoncé ont joué en France des concerts autoproduits dans des stades. Et ça, c'est pas bon pour les festivals. "Les trois stades de France de Beyoncé, je sais que beaucoup de brivistes y sont allés, explique Stéphane Canarias. Quand ils ont mis 250 ou 500 euros pour leur week-end à Paris, c'est peut-être plus difficile de remettre un budget sur le festival à Brive".

Les festivals se doivent donc de réinventer leur modèle. À Brive, pour la première fois, les ressources partenaires privés ont dépassé celle de la billetterie. De son côté, Pause Guitare a décidé pour sa prochaine édition de se recentrer sur un public plus familial, avec notamment 3 têtes d'affiche sur 3 soirées.

Exemple de gestion d’un festival : l’Écaussystème !

Confrontés à la flambée des cachets d’artistes, comment s’organisent les festivals ? Pour mieux comprendre, direction le Lot avec un éclairage autour du festival Ecaussystème.

Imaginez que lors de ma soirée à l’Écaussystème, sur la prairie du Touron, à Gignac-en-quecy, je dépense au total, billet d’entrée compris 80 € !

Alors à qui va cet argent ?

Et bien plus du tiers : 32 €, va à l’artistique. Pas surprenant avec la hausse exponentielle vous des cachets d’artistes.

17 € vont servir à la partie administrative du festival (il faut bien payer les salariés, les impôts ou encore les assurance).

13 € servent à l’approvisionnement, 9 € sont attribués aux techniciens, 8 €s à la production et enfin 1€ à la partie communication du festival.

Et les recettes ?

À l’inverse sur les recettes quand l’Écaussystème touche 90€ :

39 euros sont directement lié à la billetterie ; le festivalier va en plus dépenser (sandwich, boisson, boutique) en moyenne 21 €. Les 2/3 des bénéfices de l’Écaussystème sont donc liés des festivaliers.

Sur les 20 € restant, 11 sont issus des partenaires privées et 9 des partenaires publics, dont les collectivités.