Publié : 7 septembre 2025 à 19h58 par Johan Gesrel

Le Tarn-et-Garonne toujours 1er producteur de pomme en France

Top départ pour la saison des pommes. Cette année s’annonce plutôt bonne avec une prévision de récolte qui pourrait avoisiner les 200 000 tonnes dans le Tarn-et-Garonne. Le département reste le 1er producteur de France.

Philippe et Damien Julia pommiculteurs à Lafrançaise.
Philippe et Damien Julia pommiculteurs à Lafrançaise.
Crédit : Johan GESREL

Dans les vergers du Tarn-et-Garonne, la récolte des pommes bat son plein. Le département, reste le 1er producteur de France. Cette saison s’annonce plutôt bonne mais les arboriculteurs ont dû faire face, une fois encore, à la canicule et aux variations de températures comme à Lafrançaise où Philippe Julia travaille en EARL. Il cultive 40 hectares de vergers en agriculture raisonnée, principalement en pomme mais aussi du kiwi jaune. Cette saison a été marquée par un printemps pluvieux suivie d'un été en dent de scies ponctué d'épisodes caniculaires. Ces variations portent un nom dans le milieu arboricole : on appelle ça l'aternance. De quoi favoriser l'apparition de nouveaux ravageurs au premier rang desquels : le puceron cendré.

 

"On regrette certains produits qu'on nous a retirés"

Pour lutter contre ces ravageurs, Philipppe Julia aurait aimer pour utiliser certains désormais interdits par la législation française mais toujours autorisées dans des pays européens : 

 

"On constate une évolution sur l'apparence de la pomme depuis quelques années. On regrette certains produits qu'on nous a retiré. Je pense à certains insecticides ou des produits contre la tavelure. Ils nous permettaient d'avoir une qualité quasiment irréprochable. Aujourd'hui on a des taux d'industrie* qui s'élèvent petit à petit et qui vont nous pénaliser à court et moyen terme sur nos rémunérations"

*taux d'indutrie : les pommes non conformes pour le marché de la grande distribution finissent en compote pour une rémunération moyenne autour de 30 à 35 centimes le kilo, ndlr.

 

Faire tomber la température dans les vergers

 

Au volant de son tracteur Damien Julia charge les caisses de gala, première variété de la saison. Elle représente 25% de la production du Tarn-et-Garonne. Contre la canicule de cet été le jeune arboriculteur a eu recours au bassinage, une méthode pour éviter que les pommiers se mettent à l’arrêt : 

 

"Ça consiste à apporter de l'eau en aspertion sur une courte période mais régulièrement les après-midis. On le fait un quart-d'heure toutes les heures et on peut ainsi faire baisser de 4 à 5 degrés la température dans les vergers, ce qui n'est pas négligeable."

 

Coups de soleil sur les pommes

 

Car depuis dix ans, les 6000 hectares de verger du Tarn-et-Garonne subissent les effets du changement climatique, c'est un fait. Peu d'arboriculteurs  diront le contraire. Jean-Louis Sagnes est technicien à la chambre d’agriculture de Tarn-et-Garonne depuis 1985 : 

 

"Ça favorise le développement des ravageurs comme le puceron cendré, la punaise diabolique et le carpocapse même si on a trouvé pour ce dernier une méthode naturelle pour le réduire avec la confusion sexuelle. Ce changement climatique favorise aussi certaines maladies. Concernant la physiologie des pommiers, ça favorise le phénomène d'alternance. L'absence de fraîcheur le matin peut nuire à la coloration de la pomme par exemple. Plus il fait chaud, plus on a une production irrégulière avec des arbres qui fleurissent plus que d'autres, avec aussi des coups de soleil sur le fruit."

 

Les poiriers de retour dans les vergers tarn-et-garonnais

En attendant de trouver des variétés plus résistantes ou de nouvelles méthodes de lutte, certains aboriculteurs misent sur la diversification et se remettent notamment à planter des poiriers. Une production quasiment disparue dans les années 80 dans le Tarn-et-Garonne. "On en compte aujourd’hui plusieurs centaines d’hectares", souligne Jean-Louis Sagnes.