Publié : 30 avril 2025 à 17h19 par Tiphaine Coulon

La marque Jennyfer en liquidation judiciaire, un millier d'emplois menacés

Les boutiques d'Aurillac, Clermont-Ferrand et Montauban sont menacées.

Vêtements
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Crédit : Pixabay.com

La crise des enseignes de prêt-à-porter continue : la marque tournée vers les jeunes adolescentes Jennyfer, sortie d'une période de redressement judiciaire en 2024, a finalement été placée en liquidation judiciaire ce mercredi 30 avril. "L'explosion des coûts, la baisse du pouvoir d’achat, les mutations du marché textile et une concurrence internationale toujours plus agressive ont rendu son modèle économique intenable", a indiqué la direction à l'AFP, précisant que l'enseigne emploie 999 salariés.

Le tribunal de commerce de Bobigny a prononcé la liquidation judiciaire avec poursuite des activités jusqu'au 28 mai. À cette date seront examinées les éventuelles offres de repreneurs de l'enseigne. "On espère que l’homme providentiel va sortir du bois pour reprendre la société", a déclaré auprès de l'AFP l'avocat des représentants du personnel, Me Stéphane Ducrocq.

L'enseigne fondée en 1984 comptait mi-2024 220 magasins en France et 80 à l'international, notamment en Belgique, et revendique environ 250 millions d'euros de chiffre d'affaires annuel. Tombée en redressement judiciaire en juin 2023 en raison de l'"augmentation soudaine des coûts cumulée à une inflation galopante", elle avait annoncé en sortir il y a moins d'un an, annonçant "un investissement initial de 15 millions d'euros" et "l'arrivée d'un nouvel actionnaire". Un plan de sauvegarde de l'emploi (PSE) était intervenu entre temps, menant à la suppression de 75 postes (60 au siège et 15 dans les entrepôts) sans fermeture de magasins.

Un secteur en crise

Une violente crise frappe le prêt-à-porter en France depuis plusieurs années. La marque de mode néerlandaise C&A, implantée en France depuis plus de 50 ans et qui restructure depuis plusieurs années son parc de magasins, a annoncé mi-mars un nouveau plan menaçant plus de 300 emplois. Camaïeu, Kookaï, Gap France, André, San Marina, Minelli, Pimkie, Comptoir des Cotonniers, Princesse Tam Tam, IKKS, Kaporal : nombreuses sont les marques qui ont fait les frais de cette tourmente. Elle a été fatale à certaines, qui ont été liquidées, comme Camaïeu en septembre 2022, avec le licenciement de 2.100 salariés qui avait fortement marqué les esprits.

Les marques ont souffert d'un cocktail détonant : pandémie, inflation, hausse des prix de l'énergie, des matières premières, des loyers et des salaires ou encore concurrence de la seconde main. Dernièrement, le développement de "l'hyper fast-fashion", dont le site Shein est le symbole, a continué de menacer le modèle économique des enseignes plus anciennes bon marché. Cette mode éphémère aux très bas prix et aux collections renouvelées très fréquemment, grignote chaque jour un peu plus des parts de marché en France. Si bien que le gouvernement souhaite mieux contrôler son expansion : il a proposé la mise en place de "frais de gestion" d'un faible montant sur chaque petit colis entrant en Europe, dont ceux venus d'Asie.

(Avec AFP).