« L’Ancrier » de Moissac, la librairie flottante unique en France

Ouvrir une librairie indépendante est rarement une chose aisée de nos jours. Mais ouvrir une librairie indépendante sur une péniche, relevait plus de la mission impossible que du pari. C’est pourtant un pari qu’a tenu et réussi Claire Alizart : « c’était un pari d’ouvrir à Moissac, car il y avait déjà une maison de la presse, même si c’est un petit peu différent d’une librairie indépendante, et d’ailleurs elle a fermé cet hiver. Il fallait comprendre ce que les gens du coin lisaient, leur centre d’intérêt. Petit à petit j’ai pu m’adapter aux demandes que j’avaient sur place ».

Car initialement, Claire n’est pas du Tarn-et-Garonne. Originaire d’Albi, elle a passé une grande partie de sa vie à Bordeaux et Paris. C’est d’ailleurs là où elle a développé son amour pour la péniche : « j’ai habité pendant pas mal d’année sur un bateau. C’est en fait ce qui m’a permis d’habiter à Paris, car quand on voit les loyers ! j’avais 21 ans, j’avais trouvé le job de ma vie aux auditoriums du Grand palais. Et j’ai très vite réalisé que je ne pouvais pas avoir un appartement à Paris ».

L’idée a ensuite infusé durant de longues années, avant de voir le jour en 2024 : « c’est un lien que j’avais fait entre ma vie professionnelle et privée. J’ai compris que la lecture et le bateau, ça marchait bien ensemble. J’ai eu envie d’associer les deux et proposer un lieu unique et alternatif, pour associer l’eau et les mots ».

Pourtant tout ne s’est pas fait du jour au lendemain. Il y a eu deux ans et demi de travaux, une fois le bateau trouvé au chantier naval de Castelsarrasin : « on a fait ça avec mon conjoint, ç’a été les weekends, les vacances, les jours fériés… on a passé tout notre temps libre sur le bateau. On a appris à souder, à travailler le bois, le métal. Tout ce qu’il faut pour refaire un bateau complètement. On est parti d’une coque en mauvaise état, on a changé toute la structure du bateau, et on a maintenant un bateau adapté à la réception du public, dans lequel on se sent bien ».

Et après avoir trouvé le bateau, c’est le choix du lieu qui s’est imposé. Et Moissac, le canal latéral à la Garonne, s’est imposé : « c’est une ville à taille humaine, où il y avait de la place pour ce projet, car il n’y avait pas de librairie. C’est une ville dans laquelle on s’est bien sentie de suite, on a eu un coup de cœur pour cette ville tournée vers l’eau. Il y a le Tarn, le canal, c’est une ville charmante. Il y a de l’histoire, du tourisme. Donc il y avait une dynamique toute l’année qui permettait de mettre en place un projet comme celui-ci ».

Libraire depuis une dizaine d’année, Claire adore le lieu qu’elle a réussi à créer : « c’est un environnement que j’adore. On est dans une bulle, on n’est pas en centre-ville, on n’est pas à la campagne, on n’est pas sur terre mais en même temps on n’est pas complètement isolé. Et j’ai l’impression que c’est qu’on va chercher quand on va choisir un bouquin, la bulle dans laquelle se mettre ».

Ouverte depuis le mois de mai 2024, c’est un pari entièrement réussi qu’affiche désormais l’Ancrier, en ayant trouvé sa place, sa clientèle, et son amarrage.