"Je ferai profil bas" : une mamie pyromane de 77 ans condamnée à 8 mois de prison sous bracelet électronique

Dans le Tarn-et-Garonne, une femme pyromane de 77 ans a été condamnée ce vendredi 3 octobre par le tribunal correctionnel de Montauban à huit mois de prison ferme sous bracelet électronique à effectuer à son domicile et trois ans de suivi socio-judiciaire avec obligation de soin. Elle était poursuivie pour avoir allumé treize incendies durant l’été 2022 et 2025 dans son village de Castelmayran qui compte 1200 habitants. 

Des allume-feux lancés de sa voiture à la sortie des lotos

L'enquête de la gendarmerie et la géolocalisation de son véhicule ont permis de comprendre son mode opératoire. La septuagénaire agissait généralement de nuit après avoir participé à une soirée loto de son village. Au volant de sa voiture, elle lançait par la fenêtre deux allume-feux entourés de papier essuie-tout en direction de talus, en bordure de champ : « Je faisais attention à ce qu’il n’y ait pas d’habitation autour. Je suivais ce que faisaient les pompiers lors des incendies de l’Aude. Heureusement ce que j’ai fait n’a pas eu de conséquence ». Seuls quelques mètres carrés de terrain ont en effet été brûlés au cours de ces deux étés.

"J'avais un certains pouvoir..."

A la question du pourquoi, cette grand-mère « au fort caractère » qui n’avait jusqu’ici jamais eu affaire à la justice explique avoir agi à cause de sa dépression : « J’avais la sensation de trouver un remède, j’avais une certaine liberté, un certain pouvoir. J’ai tellement entendu que je n’étais pas d’ici. Je pensais que tout le village m’en voulait. J’étais vraiment pas bien. J’ai perdu ma belle-fille d’un cancer alors qu’elle n’avait que 47 ans en 2022. Aujourd’hui mon mari est atteint d’un cancer. »

Placée en détention provisoire depuis son arrestation fin août, cette habitante de Castelmayran dit avoir compris la leçon : « J’ai pris conscience que je devais êtres soignée. J’ai consulté un psychiatre et mon traitement a été renforcé. Je veux m’en sortir. Si je reviens au village ce n’est pas pour fanfaronner. Je ferai profil bas. »

"On ne maîtrise pas le feu"

Dans ses réquisitions, la vice-procureure Alice Gardair souligne la dangerosité des actes commis par la septuagénaire : « Des feux commis en été dans un département touché par la sécheresse. Vous ne maîtrisiez pas ces incendies, on ne maîtrise pas le feu. Ce sont les pompiers et les habitants qui en réalité ont donné l’alerte et permis d’éviter le pire. 300 000 incendies ont lieu en France chaque année, 10 % sont d’origine criminelle et seulement 2 % font l’objet de poursuites judiciaires. Vous correspondez à la définition du pyromane avec ce trouble du contrôle pulsionnel. » Elle requiert un an de prison ferme aménagé sous bracelet électronique, trois ans de suivi socio-judiciaire, obligation de soin et interdiction de paraître à Castelmayran durant deux ans.

"Le village de Castelmayran prêt à lui pardonner"

Marion Delpy, l’avocate de la grand-mère, conteste la responsabilité de sa cliente sur deux des treize incendies faute de preuves tangibles : « les incendiaires sont comme les personnes qui se scarifient. Depuis sa détention provisoire, elle est soutenue dans son village. Très peu on déposé plainte. L’interdire de revenir chez elle compliquerait sa prise en charge médicale et celle de son mari atteint de cancer. » Message entendu par les magistrats qui autorisent la villageoise à revenir à son domicile. Présent à l’audience, Jean Ollino adjoint au maire de Castelmayran, se dit « prêt à lui pardonner » et à l’aider pour la réintégrer petit à petit dans la vie locale.