17 mai 2023 à 10h38 par Fanny Paul

En Corrèze, un ancien résistant livre des faits inédits sur la seconde guerre mondiale

79 ans après, on apprend que 48 prisonniers allemands ont été exécutés le 12 juin 1944 dans le nord de la Corrèze, dans un bois, à Meymac.

Meymac
Entrée de la ville de Meymac
Crédit : commons.wikimedia.org

Une campagne de recherches s'est ouverte en Corrèze pour retrouver les restes de 47 soldats allemands et d'une Française accusée de collaboration, exécutés en juin 1944 par la résistance locale qui s'est tue pendant de longues décennies. Cette opération menée à Meymac sous l'égide de l'Office national des anciens combattants (Onac) vise à retrouver une fosse commune dans un bois et à exhumer les dépouilles pour les restituer à l'Allemagne.


"La France est obligée de restituer ces corps, au nom de la convention de Genève et d'un accord franco-allemand de 1966 toujours en vigueur. Les restes mortels sont sous la responsabilité de l'Allemagne qui décide du lieu de leur regroupement", explique Xavier Kompa, directeur de l'Onac en Corrèze. Le Volksbund Deutsche Kriegsgräberfürsorge, l'organisme qui gère les dépouilles de soldats allemands tombés en France durant les deux conflits mondiaux, va ainsi dépêcher un géoradar. "L'objectif est de repérer les corps. Puis, si les corps sont présents, l'exhumation aura lieu dans le courant de l'été. Les dépouilles retrouvées seront analysées à Marseille. Pour le moment, on ne connaît pas les identités de ces hommes", explique l'Onac. 


11 corps exhumés dans un bosquet et de deux fosses communes.

De premières fouilles avaient eu lieu secrètement en 1967 pour tenter de retrouver les corps de ces soldats de la Wehrmacht faits prisonniers par la Résistance à Tulle les 7 et 8 juin 1944 et exécutés peu après les  massacres commis par la Division SS Das Reich à Tulle le 9 juin (99 civils pendus aux balcons et lampadaires) et à Oradour-sur Glane le 10 juin (643 habitants mitraillés et brûlés dans des granges et l'église du village).

Pendant de longues années, le temps fait son oeuvre, principalement façonnée par l'omerta des maquisards et le discours mémoriel dans une région limousine particulièrement meurtrie.

Le réveil d'Edmond


La trace du charnier a été retrouvée grâce notamment au témoignage d'un ancien résistant témoin des faits, Edmond Réveil, 98 ans, qui en parle une première fois en 2019 lors d'une réunion d'anciens combattants. Ancien des Francs-Tireurs et Partisans (FTP, résistance d'obédience communiste), il explique aujourd'hui que la Résistance avait capturé 55 soldats allemands et membres de la Gestapo lors de l'attaque de Tulle. Selon lui, un gestapiste a été abattu en tentant de fuir et sept soldats originaires d'Europe de l'Est ont été confiés à un autre groupe de résistants sans que l'on connaisse leur destin. Les 47 autres soldats ont été exécutés le 12 juin à Meymac, après plus de 50 km de marche.


"On a commis une faute", estime Edmond Réveil qui ne veut pas raviver les haines mais souhaite que les descendants de ces Allemands et de cette Française puissent connaître cette histoire.

Avec AFP