10 septembre 2024 à 18h11 par Stéphane Jacquemin
Des vendanges tardives et peu productives en Corrèze
C’est cette semaine et avec 10 à 15 jours de retard que va débuter la récolte des blancs. 2024 ne restera pas dans les annales, certains vignerons sont même privés de vendanges, la faute au gel et au mildiou.
Des 16 000 hectares de vignes corréziennes d’il y a un siècle, il n’en reste aujourd’hui que 120 ha. Un vignoble en pleine renaissance depuis 3 à 4 décades. On recense aujourd’hui 59 vignerons sur le département, la plupart, 80 %, sur le secteur de Brive, du côté de Branceilles notamment et d'Allassac, pour les coteaux de la Vézère.
Des vendanges tardives et peu productives
Jeudi dernier c’est des vignobles de Branceilles que les vendanges ont officiellement été lancées avec la levée du ban des vendanges, une opération symbolique qui marque la fin de l’interdiction de ramasser du raisin.
Un moment festif, assez paradoxal au regard d’une année noire pour les vignerons corréziens. La 2ème consécutive pour le vignoble de Branceilles explique Philippe Leymat, président de la cave des 1001 pierres :
« 2023 et 2024, on a le cumul du gel et du mildiou qui impacte cette année la récolte cette année à hauteur de 70 % »
Idem pour la cave des coteaux de la Vézère, dont René Maury est le président :
« Cette année on s’oriente au moins vers les 2/3 de perte, 60 à 65 % de perte »
De 30 à 100 % perte cette année dans le vignoble corrézien.
« On a cumulé 2 mauvaises conditions climatiques au début, au mois d’avril » explique Hervé Longy, le président de la fédération des vins de la Corrèze « on a eu des gels tardifs, ensuite on a eu de la pluie et ces quantités phénoménales de pluie, elles développent du mildiou sur feuilles, des maladies sur feuilles, autres conséquences de ces averses, il y a des coulures intempestives ».
Pour certains vignerons, pas de vendanges
À Branceilles, 2 ans après avoir repris les 5 ha et demi du vignoble bio Pierro, Carine et Philippe Sagaz ne vont pas vendanger :
« Cette année, pas de vendanges après 90 % de la production qui a été gelée » précise Philippe Sagaz « derrière la repousse n’a pas été à la hauteur de ce qu’on attendait et le mildiou est venu achever le peu qu’il y avait donc il n’y aura aucune production cette année »
Pourtant pas de défaitisme, « c’est comme ça, il faut avancer, se poser les bonnes questions » explique Philippe Sagaz qui désormais pense sérieusement à la diversification « soit chaque année on fait avec la météo et ses aléas ».
Face au gel, la piste des tours à vent privilégiée
« C’est qui apparaît le plus efficient » explique Philippe Leymat. « Ce sont des espèces d’éoliennes qui peuvent couvrir entre 3 et 5 ha ». Leur coût avoisine les 50 000 euros pour 5 ha mais un système de mutualisation est envisagé : « par exemple sur Branceilles, avec la mixité noix-vignes, on peut créer des îlots de 3 à 5 ha à protéger qui pourraient être couverts en CUMA ou en mutualisation ».