17 janvier 2024 à 5h30 par Stéphane Jacquemin

De la prison ferme pour le meurtrier présumé de Justine Vayrac

C’est une affaire antérieure au meurtre de la jeune lotoise pour lequel était jugé le jeune homme de 22 ans.

La salle d'audience (Palais Justice Tulle)

Ce mardi, devant le Tribunal correctionnel de Tulle, Lucas Larivée a été reconnu coupable et condamné à 2 ans de prison ferme pour avoir volontairement incendié un hangar et le tube d’une exploitation agricole de Saint Hilaire Peyroux à l’été 2020. Un procès qui donne quelques indications sur la personnalité du jeune homme.

Il est le meurtrier présumé de Justine Vayrac. Alors à l’occasion de son 1er rendez-vous devant la Justice, une question est en filigrane sur toutes les lèvres. Qui est-il ? Le prévenu se présente devant la cour dans une tenue soignée. Élancé, il a les trains fins, des cheveux courts, légèrement ondulé.

Et puis il y a ses mots, car ce mardi, le jeune homme de 22 ans n’a pas acté son droit au silence. Il a parlé et de façon affirmée. Il a répondu de manière intelligible aux questions de la Présidente et quand la Procureure de la République l’a interpellé soulignant sa mauvaise foi, il ne s’est pas départi de son aplomb.

« Mais qui se cache derrière ce visage d’ange ? »

La question est lancée à la cour par l’avocate de la partie civile, Maître Christine Marche :

 

« C’est quelqu’un qui regarde droit, qui a le menton levé et qui lorsqu’on lui pose une question qui ne lui plaît pas, il sait répondre mais d’une façon extrêmement ferme ».

 

Cette attitude, le prévenu l’adopte dès l’ouverture du dossier, à l’occasion des premières auditions, alors que de nombreux faits l’accablent, il répond. L’empreinte de ses baskets est retrouvée sur le lieu de l’incendie : « parfois j’utilise mes chaussures de ville pour travailler » rétorque-t-il. Un silo de grain est déverrouillé alors que son système de fermeture n’est connu que des personnes appartenant à l’exploitation : « même un enfant de 5 ans arriverait à l’ouvrir ». Enfin son téléphone borne la nuit de l’incendie à proximité de l’exploitation ; il explique avoir pris cette route pour éviter un contrôle de gendarmerie.

 

Pour son avocat, le bâtonnier du barreau de Tulle, maître Michel Labrousse :

 

« C’est un jeune homme au comportement combatif (…) On a appris au cours de cette procédure qu’il n’aimait pas les injustices, qu’il n’aimait pas les accusations portées à tors et à travers et à partir de ce moment là, il résiste ».

 

Maître Michel Labrousse déplore un dossier mené tambour battant, il a donc plaidé la relaxe. En vain, Lucas Larivée a été condamné à 2 ans de prison avec mandat de dépôt, la défense a d’ores et déjà annoncé son intention de faire appel.

 

Quid de la personnalité du prévenu ?

Son expertise de personnalité ne révèle pas de profil psychopathique, pas de déficience particulière. Il est normalement intelligent. En revanche, une impulsivité inquiétante est soulevée, quelques traits narcissiques aussi.

Enfin un discours linéaire et conventionnel est également noté, peut-être « pour masquer ce qu’il y a à l’intérieur de vous ? » avance la Présidente. « Ce n’est pas à moi d’en juger » rétorque Lucas. À propos des experts, il ajoute ironiquement « ils ne m’ont vu que 45 minutes, ils sont forts... ».

 

Retour sur le dossier

L’incendie remonte à l’été 2020 et s’est déroulé sur la commune de Saint Hilaire Peyroux. Dans la nuit du 2 août, 2 bâtiments agricole prennent feu. L’enquête révèle l’existence de 2 foyers de feu et tend à confirmer la nature criminel de l’incendie.

Tous les regards se tournent alors vers le prévenu. Lucas Larivée est alors en alternance au sein de l’exploitation et quelques jours auparavant, son tuteur de stage lui « a remonté les bretelles ». Une plainte contre X est déposée. Le jeune homme est placé sous contrôle judiciaire, un contrôle qu’il ne respecte pas, il va donc être incarcéré durant 4 mois jusqu’en avril 2021.