Publié : 1er octobre 2025 à 17h53 par Johan Gesrel

Darknet et cryptomonnaie : un gendarme de l'unité spéciale de Golfech condamné pour vol de matériel

Un gendarme du PSPG chargé de la sécurité de la centrale de Golfech a été condamné mardi 30 septembre devant le tribunal correctionnel de Montauban. Il était jugé pour vol aggravé et cession de matériel militaire. Du matériel vendu sur le darknet pour satisfaire une addiction à la cryptomonnaie.

Unité spéciale de la gendarmerie - Illustration.
Unité spéciale de la gendarmerie - Illustration.
Crédit : Pixabay

Un gendarme appartenant au Peloton Spécialisé de la Protection de la Gendarmerie (PSPG) chargé de la protection et de la surveillance de la centrale nucléaire de Golfech était jugé ce mardi 30 septembre devant le tribunal correctionnel de Montauban (Tarn-et-Garonne). L'homme âgé de 34 ans a été reconnu coupable du vol de matériel de guerre, en l'occurrence des lunettes de visée nocturne, au sein de sa propre unité à Golfech.

 

"Je n'avais plus la notion du bien ou du mal"

Un préjudice estimé à 65 000€. Devant les juges, le prévenu, cheveux ras, trapu, les bras taoués reconnait les faits et tente de s'expliquer : 

"J'étais addict aux cryptomonnaie. Je n'avais plus la notion du bien ou du mal. Je ne voyais plus la gravité de ce que je faisais. J'ai vu ce matériel dans un local qui est accessible et je l'ai pris en espérant le vendre sur Internet."

 

Le gendarme rentre alors dans une spirale inéluctable. Il vend les lunettes de visée pour 20 000€ sur le darknet mais se fait rançonner par un häcker qui le fait chanter en lui montrant des photos de son épouse. Il est alors obligé de verser 16 000€ pour acheter son silence. Pendant ce temps, une enquête menée en toute discrétion permet d'identifier le gendarme comme l'auteur du vol de matériel. Il est interpellé par ses propres collègues à son domicile sous les yeux de son épouse qui ignorait tout de sa double vie numérique. 

"Quasiment un suicide professionnel"

 

A la barre, son avocat Julien Aubry tente d'expliquer ce passage à l'acte en s'appuyant sur un rapport psychiatrique de seize pages réclamé lors de la première audience de présentation

"Mon client est un gendarme exemplaire qui a fait sa carrière au sein de cette institution dès l'âge de 19 ans. Il a été félicité quatre fois pour ses états de services et a déjà été blessé lors d'interventions. C'est un bon père de famille avec trois enfants et bientôt un quatrième. Ce qui s'est passé est quasiment un suicide professionnel. Il a perdu sa boussole morale. L'expertise a reconnu un trouble addictif comportemental."   

 

"Vous imaginez ces lunettes de visée sur des kalachnikovs ?"

Un argument que goûte peu le procureur de la République Freddy Marta : 

"C'est scandaleux. Vous avez rompu la confiance accordée, vous avez trahi ce qui faisait de vous un soldat de la loi. Je rappelle que vous êtes officier de police judiciaire. Vous appartenez au PSPG où les agents sont sélectionnés sur la stabilité émotionnelle et psychologique et pas uniquement sur la force. Ça va à l'encontre de la notion de perte du discernement avancé par le psychiatre. Vous avez volé et bradé du matériel de guerre qui pourrait une fois revendu sur le darknet finir dans les mains du grand banditisme. Vous imaginez ces lunettes de visée sur des kalachnikovs dirigées vers les forces de l'ordre ? "

 

📍Au final, les juges du tribunal correctionnel ont condamné le gendarme à un an de prison avec sursis, interdiction d’exercer son métier durant 3 ans. Il écope en plus de 5 ans d’interdiction de détenir une arme et voit sa condamnation inscrite à son casier judiciaire. Une peine globalement conforme aux réquisitions initiales du parquet. Au micro de TOTEM, Julien Aubry l’avocat du gendarme n’exclue pas de faire appel.