Publié : 18 septembre 2025 à 6h00 par Hélène Gosselin

Après 30 ans d'élevage de vaches allaitantes. Quel bilan ?

Ingénieur de recherche à l'Inrae (Institut national de recherche agronomique), Patrick Veysset met en évidence la nécessité de changer de modèle.

94% des exploitations sur le plateau de l'Aubrac sont des vaches allaitantes
94% des exploitations sur le plateau de l'Aubrac sont des bovins allaitants
Crédit : Pixabay Christel SAGNIEZ

Il a regardé dans le rétroviseur sur les 30 dernières années. Patrick Veysset est ingénieur de recherche à l'Inrae (Institut national de recherche agronomique) de Clermont-Ferrand et spécialiste des élevages de bovins allaitants. Son analyse de l'évolution des exploitations est claire : jusqu'en 2016, la taille des exploitations a augmenté avec un nombre de travailleurs qui est resté stable. Autrement dit la productivité du travail des éleveurs a considérablement augmenté. Mais elle n'a pas eu les effets excomptés :

Finalement, cette augmentation de la productivité du travail ne s'est pas traduite par une augmentation du revenu des exploitants. Au moins jusqu'en 2020, il y a eu une baisse des prix des bovins et les exploitation ont augmenté pour compensé cette perte, également compensée par des aides. D'un autre côté, pour faire face à l'augmentation de la taille des exploitations et des troupeaux, les éleveurs ont beaucoup investi dans l'alimentation, les bâtiments, le matériel. Donc d'un côté, les acheteurs des bovins en ont profité et de l'autre côté les vendeurs de matériel en ont également profité. La place de l'éleveur au milieu de toute cette filière devrait être à reconsidérer pour essayer de mieux répartir la valeur ajoutée créée tout au long de la filière. 

Le chercheur préconise de réduire la taille des exploitations, de limiter les achats et valoriser les ressources locales. Il recommande aussi aux éleveurs de contractualiser au sein de leur filière. 

Sur l'Aubrac, 94% des fermes sont consacrées aux vaches allaitantes et l'évolution de leur structure a pris le même chemin que partout dans le pays. 

"Ça fait maintenant 50 ans que tout l'élevage bovin allaitant français est tourné vers un seul marché : le broutard, qui est engraissé en Italie. C'est pour ça que d'un point de vue productif et économique, on observe les mêmes phénomènes partout. En revanche, l'élevage en Aubrac ou en zone de montagne herbagère, a d'énormes atouts en termes de services écosystémiques et d'environnement. Mais qui, jusqu'à aujourd'hui, ne sont pas valorisés. Comment rémunérer tous ces services de préservation de la biodiversité, de préservation des paysages, de la qualité de l'eau... ? Il y a également un fort enjeu à travailler." 

Patrick Veysset donne une conférence ce jeudi 18 septembre à 14h30 en Lozère, à Peyre-en-Aubrac. Il est invité par le Parc naturel régional de l'Aubrac.