Publié : 30 avril 2025 à 11h57 par Fabien Taccard-Blanchin
ProD2. Xan et Gauvain, les analystes de l’US Montauban
ProD2 - Ce sont des indispensables des staffs d’équipe professionnelles. Les analystes vidéo, facilitateurs des coachs, passent énormément de temps devant leur écran au service de l’équipe. À Montauban, Xan Gelez et Gauvain Capra sont en poste depuis deux saisons. Ils nous expliquent avec passion leur métier.
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Expliquez-nous, le métier d’analyste, quelles sont vos missions ?
Gauvain Capra. C'est vraiment un métier de facilitateur pour les coachs. On va aller chercher tout ce qui se passe dans un match. On va aller chercher toutes les bonnes séquences, les mauvaises séquences. En fonction de plein de thématiques, ça peut aller des lancements de jeu, la mêlée, la touche jusqu'à l'efficacité sur rucks d'une équipe adverse. Et en fonction de tout ce qu'on va pouvoir trier pour les coachs, il va en découler un plan de jeu, une stratégie pour essayer de gagner le week-end.
Donc notre job c'est vraiment d’être facilitateur pour aller orienter le travail des coachs, discuter beaucoup avec eux et t essayer de gagner, d'améliorer petit à petit la performance de l'équipe.
C'est trouver en quelques sortes, le point faible de l'équipe adverse ?
GC. Exactement, nous on voit beaucoup, beaucoup d'images. On travaille sur 3, 4 voire 5 matchs sur le prochain adversaire qu'on va jouer. Donc chez eux, on va chercher toutes les failles. Ils peuvent avoir aussi beaucoup de points forts, et à nous après d’adapter. On sait comment on veut défendre, on connait notre système, on sait du coup comment eux ils vont vouloir attaquer et en fonction de ça on peut apporter des adaptations sur leur défense : comment on veut les prendre, comment on veut imposer notre système de jeu.
Et après concernant les performances de l’équipe, on fait toujours de la rétrospection pour analyser ce qui a bien marché, ce qui n’a pas trop bien marché et ça peut enclencher les cycles de progression pour l'équipe.
Vous passez donc beaucoup de temps à revisionner les matches de l’USM ?
Xan Geles. Bien sûr, concernant nos matchs, on sort surtout toutes les statistiques. Les stats générales, celles de plaquage, de franchissement, le temps de possession ou le « ball in play » (temps de jeu effectif, ndlr). Il y en a énormément, toutes les pénalités, et puis les stats individuelles de chaque joueur, sur l'attaque, la défense ou la conquête par exemple pour les avants.
Et ensuite ce sont les coachs qui vont faire leur retour vidéo en fonction de ce qu’ils veulent montrer aux joueurs. On va dire qu’on a moins de travail sur nos matches que sur ceux des adversaires !
Alors tout cela concerne les matches en eux-mêmes, mais votre boulot ne s’arrête pas là, il y a aussi de l’analyse des entrainements, avec notamment un drone ?
XG. Sur les entraînements on va filmer et séquencer tout ce qui se passe dans la séance, toutes les différentes séquences et après on le donne aux coachs. Eux vont faire des retours d'entraînement aux joueurs, en fonction de ce qu’on a pu filmer et ce qu'on a pu enregistrer.
Donc avant on débriefait les matchs, maintenant, on débriefe aussi les entrainements ?
XG. Exactement oui.
Ça permet de pousser l'exigence aussi lors de l'entraînement ?
XG. Oui par exemple, ce matin on avait une équipe qui faisait nos lancements et les adversaires défendaient comme défend l'équipe qu'on va jouer ce weekend. Ça nous permet de voir si notre système et nos lancements sont bien faits et bien réalisés pour le week-end.
Comment se passent les commandes que vous font les coachs ?
GC. L’idée c’est d'avoir des cycles dans la performance. On va aller regarder en fonction des stats où on sous-performe, où on surperforme d'un weekend à l'autre.
Si on donne un exemple concret, on aimerait rentrer 13 ou 14 fois dans les 22 mètres adverses par match, et avoir un ratio de quasiment 50%, ce serait l'idéal. Et on sait que quand on donne un indicateur clé de la performance comme ça, il faut pouvoir le travailler. Donc de ça en découle la façon dont on va s'entraîner. La façon dont on va regarder les entraînements.
Comment les joueurs débriefent votre travail ?
GC. Ils ont à disposition tous les découpages, tous les montages qu'on va pouvoir faire sur les adversaires. Ils ont les 3, 4 derniers matchs, des adversaires également. Et ils ont nos matchs. Donc un joueur qui voudrait revenir voir son découpage individuel, ou même revisionner le match entier, il peut. Ils ont 2 ordis à disposition, et une plateforme plutôt en ligne, où il y a tous les matchs, et des découpages aussi dessus. Donc il y a une forme d'autonomie aussi sur le travail des joueurs. Et nous, si on a des travaux de groupe à faire avec des leaders, de la touche, de conquête, en mêlée, ou des leaders sur les lancements des trois-quarts et cetera, il peut venir travailler sur les ordinateurs ou sur la plateforme.
Combien de temps on passe devant un écran quand on est analyste ?
XG. Beaucoup ! Je ne sais pas du tout combien ça représente sur une semaine mais on passe beaucoup de temps en fait. Tous les jours quasiment. On arrive à sortir un peu, aller sur le terrain, notamment quand on filme avec le drone, le fait d'être dehors aussi, c'est sympa.
Comment on devient analyste ?
XG. Alors moi je ne connaissais pas du tout ce métier. J'étais en 2e année de STAPS et j'ai commencé à découvrir ce métier avec notre fournisseur de données. Et j’ai commencé à séquencer des matches de ProD2 et de Top14 pour eux, en prenant goût à tout cela. Donc j’ai demandé s’il y avait des formations ou des spécialisations, et c’est là qu’ils m’ont dit qu’il y avait des diplômes universitaires. Donc j’ai passé deux diplômes et j'étais en stage avec les espoirs à Montauban, et quand j'ai fini mon cursus scolaire, je suis passé avec les Pros.
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