Publié : 18 février 2025 à 6h45 par Stéphane Jacquemin
Patrimoine : un savoir-faire corrézien en danger ?
Implantées à Donzenac et Travassac, « les Ardoisières de Corrèze » et sa douzaine de salariés vivent actuellement une période compliquée. En cause notamment, une concurrence rude qui vient d’Espagne
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Les ardoises font parties du patrimoine corrézien. Une histoire qui remonte au 16ème siècle stoppée à la fin des années 70 puis relancée en 1989 avec la création des « ardoisières de Corrèze » par l’entremise de Jean-François Bugeat.
Un patrimoine quelque peu en danger
Arnauld Debay dirige la société depuis bientôt 3 ans ; à Travassac et à Donzenac, les « ardoisières de Corrèze » emploient aujourd’hui une douzaine de salariés, comme Thierry « c’est le plus ancien, ici à la carrière » lance Arnauld Debay pour le présenter. « Ça va faire 27 ans que je travaille dans l’ardoise » précise Thierry en plein rebillage : « On part d'un bloc brut qu'on a prélevé dans la carrière là-bas, là pour les réduire petit à petit à l’ardoise de couverture ».
Une ardoise de couverture peaufinée un peu plus haut à l’atelier : « là, Floriane donne la forme à l'ardoise pour faire l’épaufrure et lui donner sa forme carrée ou ronde en fonction de la destination ». Là « on est vraiment sur la finition » confirme Arnauld Debay, « il ne restera plus qu’à la percer et à la mettre en palette et ça partira chez le couvreur ».
La transmission fer de lance de l’entreprise
Épaufrure, rebillage, autant de savoir-faire pour lesquels aucune formation n’existe aujourd’hui :
« On est vraiment dans la transmission » explique Arnauld Debay, « c'est à dire que ce sont les ouvriers qui ont reçu d'anciens et qui aujourd'hui transmettent aux plus jeunes ».
« Si on ferme demain, dans 10 ans, y a plus personne qui sait faire des ardoises en France ».
Bref la fin d’une filière, une perspective redoutée : « Vous savez quand vous êtes les derniers, tout le monde vous dit, c'est super. Mais si on est les derniers, c'est pas pour rien. Si tous les autres sont tombés, c'est qu'il y avait un problème, c'est que c'était pas rentable, que c'était compliqué, que là concurrence était trop rude »
Le défi : convaincre face à la concurrence espagnole
Car la concurrence existe et vient principalement d’ Espagne où la mécanisation s’est développée et où l’ardoise est produite en grand volume et donc moins chère à la vente :
« Je me bats pour parler d'éthique de consommateurs, parler d'éthique de de maître d’œuvre, de maîtrise d'ouvrage, de directive de l'État pour acheter peut être un peu plus cher mais acheter français ou acheter aux Français ».
« Nous, on apporte 2 choses de plus par rapport à l’ardoise espagnole. La première, c'est une exploitation raisonnée. Nous, on ne veut pas faire de l'extraction intensive, on veut extraire et que ce soit utile et durable dans le temps. La 2e chose qu'on apporte en plus, c'est la durabilité. Aujourd'hui, un toit en ardoise d'Espagne, ça aura une durée de vie de 60 ans. Un toit en ardoise de Corrèze aura une durée de vie de 200, 300 ans, voire plus ».
« Aujourd'hui, c’est compliqué ; on a besoin d'investir pour que ce soit un peu plus facile et qu'on ait un équilibre un peu plus intéressant, peut-être même qu'on pourra baisser nos prix, cependant, aujourd'hui, pour investir, il faut que les gens consomment plus chez nous et que l'État soutienne un peu plus la filière ».
Un crédit d’impôt non octroyé
Justement, le patron des ardoisières de Corrèze, regrette que le crédit d’impôts en faveur des métiers d’art lui ait été refusé pour l'année 2023 :
« À ma grande surprise et à la grande surprise des acteurs du patrimoine (…) La raison c’est que je n’œuvrerai pas pour le patrimoine. Aujourd’hui, c’est en débat, il y a une procédure qui suit son cours. Ce qui est malheureux, c’est que je pense que ce crédit d’impôt est fait pour les entreprises comme la mienne, pour nous aider à faire perdurer un savoir-faire ancestral (…) pour nous aider à nous sortir la tête de l’eau et aujourd’hui j’ai l’impression qu’on nous empêche d’obtenir cette aide là ».
Du Mont Saint-Michel à votre...salle de bains
Parmi les réalisations les plus marquantes des « ardoisières de Corrèze », Arnauld Debay cite la couverture de la Merveille du Mont Saint Michel, « la plus emblématique » mais aussi « d’autres moins connues » comme le château de Pommiers à Saint Cernin de Larche, enfin il ajoute « on est aussi très fier des petits produits qu’on a développé comme les double-vasque de salle de bains » .
Aujourd’hui pour faire couvrir son toit en ardoise corrézienne, il faut compter « 200 euros le m² ».
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