9 mai 2023 à 10h21 par La rédaction

Un musée de la civilisation gauloise en projet dans le Puy-de-dôme

Dans le Puy-de-Dôme, le plateau de Gergovie, théâtre de la célèbre bataille entre Vercingétorix et Jules César, est au coeur d'un projet touristique unique, cher au président LR de la région Auvergne-Rhône-Alpes Laurent Wauquiez.

Plateau de Gergovie
Plateau de Gergovie
Crédit : Wikipédia

Les musées de Bibracte (Saône-et-Loire) et d'Alesia (Côte d'Or) - consacrés respectivement au peuple éduen et à la bataille remportée par César - concernent chacun un seul site. Le futur établissement ambitionne lui d'être une porte d'entrée vers plusieurs lieux archéologiques : Gergovie, deux camps romains et les oppida de Corent et Gondole.

Le bâtiment ne serait pas installé sur le plateau, mais dans la plaine, à proximité de la grande halle d'Auvergne : "il partagera son parking, ce qui évitera de bétonner", souligne Fatima Parret, conseillère régionale écologiste et membre de l'association de préfiguration réunissant la région, le département et la métropole de Clermont-Ferrand.

"Au bout d'un tunnel, le visiteur effectuera un voyage de plus de 2.000 ans en arrière et sera immergé dans la période gauloise" avec des reconstitutions, une partie virtuelle et un musée, détaille Frédéric Nancel, chef du projet devant aboutir "avant 2029".

 

Un théâtre équestre complètera l'ensemble provisoirement nommé "Gallicité"

 

Le but n'est "surtout pas d'en faire un parc Astérix bis", assure M. Nancel qui dit réfléchir à la façon de préserver l'environnement naturel du lieu, proche de la chaîne des Puys, inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l'Unesco.

Après une inscription au patrimoine historique ou pittoresque, l'objectif est d'obtenir le label "grand site de France". Laurent Wauquiez a annoncé un investissement de 20 à 40 millions d'euros, au moment où ses coupes dans les subventions culturelles sont vivement critiquées par l'opposition, des syndicats, des personnalités.

Pour 2024, le budget de fonctionnement prévu (y compris l'actuel musée) est de 1,5 million d'euros, dont environ 600.000 financés par la Région, selon Mme Parret.

"La Région sera le premier financeur, à plus de 50%. (...) Nous aurions fait d'autres choix, mais le projet a deux points positifs : l'aspect scientifique est devenu très important et il n'y aura pas grand chose de construit sur le plateau" de Gergovie, propriété de l'Etat offrant un panorama à 360° sur l'Auvergne, dit-elle.

Le musée de la bataille propose un parcours interactif avec des objets archéologiques, ainsi qu'une présentation audiovisuelle sur une maquette de la bataille remportée par Vercingétorix. Il évoque aussi les oppida de Corent et Gondole, autres sites gaulois à proximité.

Pourquoi un autre musée ? "L'Auvergne, et en particulier le bassin de Clermont, concentre des richesses archéologiques uniques et le fait qu'on n'ait pas de grand musée archéologique est en soi une anomalie", estime Mathieu Poux, professeur d'archéologie gallo-romaine à Lyon, qui siègera en mai au comité scientifique et environnemental chargé d'affiner le projet.

Mais le chercheur met en garde contre le "prisme idéologique", que ce soit la "créolisation" - le métissage - des Gaulois évoquée par Jean-Luc Mélenchon ou leur "assimilation" chère à la droite : "on ne peut pas faire dire à l'Histoire ce qu'elle ne dit pas".

"On peut faire du spectaculaire grand public tout en respectant la vérité scientifique qui se situe entre les deux", assure-t-il.

Pour lui, "si on en revient à l'image du gaulois velu, farouche, indiscipliné, c'est faire l'impasse sur les dernières recherches car c'est une culture évoluée proche de la culture romaine et je crains que pour rendre le parc attractif, on insiste sur le côté exotique".

 

Avec AFP