Publié : 6h27 par Stéphane Jacquemin avec FP

" Il faut arrêter les conneries " : action coup de poing des agriculteurs corréziens contre la DNC

Hier soir jeudi 11 décembre, près d’une centaine d’agriculteurs se sont mobilisés à Tulle pour dénoncer la gestion sanitaire de la dermatose nodulaire contagieuse (DNC). À l’appel de la Coordination Rurale, ils s’opposent à l’abattage systématique des troupeaux dès qu’un cas est détecté.

Manif Tulle 11 12 25
Manif Tulle 11 12 25
Crédit : Stéphane Jacquemin

Dès 21h, les premiers déversements de pneus, paille et lisier ont lieu devant la Chambre d’Agriculture. « Il n’y aura pas de jaloux : Chambre d’agriculture, préfecture et DDT », lâche un agriculteur. Les convois s’étendent ensuite devant la Préfecture et la Cité administrative.
Des agriculteurs fatigués face à une nouvelle crise mais surtout exaspérés par la manière dont celle-ci est gérée. Pour Emmanuel Clare, président de la Coordination Rurale de la Corrèze, la situation est intenable : « la seule chose qu’on a, c’est notre troupeau, nos bêtes. Et demain, on va nous les enlever. Il faut arrêter les conneries. » Les éleveurs dénoncent une méthode jugée disproportionnée.

Pas d’alternative selon les vétérinaires

Reste cette question, face à une progression possible de l'épidémie : l'abattage systématique du cheptel dénoncé par les manifestants est-il évitable ? Pierre Cazenave, vétérinaire référent national DNC, estime qu'il n'y a pas d'alternative. « Il n’y a pas de moyen fiable de savoir sur un animal s'il est sain ou s'il est infecté. Donc si on ne faisait que de l'abattage partiel, on laisserait le virus persister dans l'environnement. Ça permettrait la diffusion du virus à terme. »

Un argument qui ne convainc pas les agriculteurs, certains affirmant que des vétérinaires de campagne sont opposés à cette mesure mais subissent des pressions.  « Un va vous dire rouge, l'autre va vous dire rose si vous voulez. Aujourd'hui, il y a des vétérinaires de campagne qui sont complètement contre cet abattage mais qui reçoivent des lettres de menaces de l'ordre des vétérinaires. » explique Emmanuel Clare.
 
La peur de voir la DNC arriver en Corrèze est bien réelle pour les agriculteurs en tout cas, entre crainte économique et colère contre l’État.