Publié : 21 avril 2025 à 16h30 par Fabien Taccard-Blanchin
Entre réalité fiction et sensibilisation, « le dernier appel » de Virginie Dufau vous plonge dans le monde du SAMU
Régulatrice du Samu dans le Tarn-et-Garonne, Virginie Dufau signe son premier roman « le dernier appel ». Une véritable plongée dans un monde méconnu, celui du SAMU et des urgences téléphoniques, mais aussi dans l’univers de cette auteure prometteuse.
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A 39 ans, Virginie Dufau s’est lancée dans l’écriture. Elle signe son premier roman « le dernier appel », paru aux éditions Maïa depuis le début de l’année 2025. Régulatrice au Samu dans le Tarn-et-Garonne depuis 5 ans, et au sein de la plateforme 3S, cette ancienne aide-soignante passionnée des urgences vous emmène dans son univers professionnel et celui de romancière.
Ce livre, ce n’est pas qu’un livre sur le SAMU et la régulation téléphonique, c’est un véritable roman ?
Oui oui, c'est un vrai roman ! Effectivement ça met beaucoup en avant mon métier. Mais à côté de ça, c'est vraiment l'histoire d'une personne qui va découvrir des choses sur son passé en dehors de son métier. Donc c'est véritablement un roman. Ce n'est pas qu'un documentaire sur notre métier.
C'est une envie que vous aviez depuis longtemps d’écrire ?
Oui mais c'est un exercice difficile, on ne se rend pas compte. Entre l'idée qu'on a en tête, et le mettre par écrit, il y a un monde en fait ! J'ai toujours aimé écrire, lire, mais je pense comme tout le monde, on n'a pas beaucoup de temps, on court après le temps, on a une vie de fou entre le travail, les enfants, les problèmes… Du coup on a peu de temps pour se plonger dans la lecture et on va vers la facilité, c'est à dire les écrans. Moi la première, je ne dénigre absolument pas les écrans parce que je suis la première dessus. Aussi parce que j'ai du mal à trouver un livre qui va de suite m’accrocher et me permettre de vraiment me détacher de tout ce qui se passe dans la vie quotidienne. Donc j'ai écrit un livre comme j'aimerais les lire, c'est à dire avec une intrigue, et toutes les émotions. On peut aussi bien rigoler, avoir peur, avoir les larmes aux yeux. Donc c'est vraiment un livre écrit comme j'aimerais le lire en tout cas.
"ÉNORMÉMENT DE CHOSES VRAIES DANS LE ROMAN"
Avec beaucoup de détails, des choses contemporaines également. Vous l'avez dit, vous parlez des écrans, des séries… d’un chat assez présent, ou encore de nourriture. Votre personnage aime se faire plaisir. Parler gourmandise, c'est vous ça aussi ?
Oui tout à fait. Alors là pour le coup autant Lise elle n’a pas le même âge, pas la même vie que moi, mais elle a beaucoup de de similitudes avec moi, que ce soit mes qualités ou mes défauts et je pense qu'elle en a comme beaucoup de monde ! C’est-à-dire un peu de gourmandise, quelque part on fait un peu de sport pour déculpabiliser, le soir on rentre, on va vers la facilité, on va regarder un écran pour décompresser un peu de la journée et on a l'animal de compagnie pour le coup, qui nous permet un petit peu quand on est seul, de discuter avec quelqu'un en fait.
Il y a beaucoup d’anecdotes, elles sont inspirées de votre vie ? De votre métier ?
Il y a beaucoup de choses qui sont vraies. Et je pense que c'est pour ça que les personnes qui le lisent ont du mal à déterminer où est la réalité et la fiction. Parce qu’il y a beaucoup de choses que j'ai vécu à l'intérieur. Et je pense que les avoir décrites comme je les ai vécues, du coup ça semble vraiment réel. Après tout ce qui concerne les appels que prend Lise au niveau du Samu, ou les bascules de pompiers, ces histoires, pour autant, sont réelles. Bien sûr, les noms, les prénoms, les adresses, ont été changées parce que je suis soumise au secret professionnel. Mais les histoires en tout cas sont réelles. Les anecdotes du passé aussi. Des amis qui sont dedans sont vrais aussi.
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Vous mettez l’accent sur le roman, mais on découvre énormément de chose sur le fonctionnement du Samu. C’était le but ?
Il me semble aujourd'hui que c’est devenu un numéro indispensable à la population. Par pénurie de médecins, de dentistes, tout le corps médical qui petit à petit disparaît. Et les gens n'ont plus qu'une seule solution, c'est d’appeler le 15 parce qu'il leur faut une réponse, et une réponse maintenant. On est la seul réponse 24h/24. Maintenant, je pense que c'était important de montrer aux gens comment ça se passe quand on appelle. Parce que les gens disent « mais ça fait 5 minutes que j'attends, mais qu'est-ce que vous faites ? ». Pour eux ça semble long. Mais nous, 5 minutes c'est très court. Je pense que c'était important que les gens comprennent comment on décroche un appel, comment, comment on l'analyse, comment on remplit nos fiches. Parce qu'on a beaucoup de gens qui s'énervent quand ils nous disent « Mais pourquoi vous posez toutes ces questi"ons ? Je vous ai juste demandé une ambulance ». Mais ce n'est pas aussi simple que ça. Les ambulances, les pompiers c'est pareil, ce n'est pas une ressource infinie. Il va falloir que les gens comprennent qu'on ne peut plus envoyer des pompiers ou une ambulance comme ça parce qu'ils en ont besoin, parce qu'ils ont une cheville tordue, et que bah là tout de suite il n’y a personne pour les emmener aux urgences.
On le voit particulièrement dans le Tarn-et-Garonne avec la mise en place permanente du 15 avant de se rendre aux Urgences ?
Exactement. Les gens ne se rendent pas compte, de l'agressivité née de tout ça. Je pense que j'ai essayé de le faire transparaître un petit peu dans le livre, parce que vraiment, c'est ce qu'on ressent. En tout cas, nous, en tant que régulateurs aujourd'hui, on a beaucoup plus de gens agressifs au téléphone. Et c'est devenu très compliqué. Et c’est ce que je veux faire avec mon livre : d'une part, c'est un roman et je pense que ça peut emmener beaucoup de gens à un peu se détendre de leur quotidien, et oublier ce qui se passe. Mais aussi sensibiliser la population. Quand les gens comprendront comment ça se passe, il y aura moins d’agressivité. Et pour nous, le métier sera plus facile, on sera plus efficace.
"LES POMPIERS, LES AMBULANCES, CE N'EST PAS INFINI"
Vous êtes originaire des Landes, mais vous représentez particulièrement bien le 82 dans « Le denier appel ». C’était important de s’ancrer ?
Oui, parce que déjà, j'aime beaucoup cette région. J'ai vraiment appris à découvrir tous ces petits villages à droite et à gauche, un peu ce côté médiéval que l’on retrouve beaucoup. Et je suis très campagne, plus que citadine. Et j'aime ces petits villages où il y a 2-3 maisons, mais on a ce petit côté citadin où on a quand même les commerces à proximité mais quelque part on a un peu d'espace. Donc quelque part j'ai choisi un peu mes communes en fonction de ça.
La suite pour vous, vous prévoyez d'écrire un nouveau roman ?
Alors je suis déjà sur le 2e. J'en suis quasiment aux trois-quarts, j’avais déjà l'idée en tête, je savais où je voulais aller. Un peu plus policier, avec des personnages que l’on a pu voir de façon assez fugace, avec une plus grande importance.
On suit encore les aventures de Lise ?
Oui, ce sera toujours Lise !