15 mai 2024 à 12h25 par Johan Gesrel

Attaque du fourgon pénitentiaire : "Ma femme m'a dit de quitter le métier"

Mardi 14 mai, l'attaque d'un fourgon pénitentiaire à Incarville dans l'Eure a coûté la vie à deux agents. Depuis, la traque pour retrouver Mohamed Amra se poursuit. A Montauban, les agents pénitentiaire ont débrayé entre tristesse et colère ce mercredi 15 mai.

Les surveillants et personnels de la Maison d'arrêt Beausoleil de Montauban
Les surveillants et personnels de la Maison d'arrêt Beausoleil de Montauban
Crédit : Johan Gesrel

La Maison d’Arrêt de Montauban est bloquée depuis 6h30 ce mercredi 15 mai. Plus aucun détenu ne rentre ou ne sort de l’établissement. Les quatre syndicats de surveillants et agents pénitentiaires ont appelé à un rassemblement devant la prison Beausoleil en soutien à leurs deux collègues tués lors de l’attaque d’un fourgon dans l’Eure. Des palettes ont été disposées devant l’entrée principale. Côme Dembelle est surveillant et délégué Ufap Pénitentiaire à Montauban :

« Le premier sentiment qui domine c’est la tristesse. On n’est pas payé pour se faire tuer et tirer dessus. Oui nous sommes formés à ce genre de situation mais nous ne sommes pas là pour servir de défouloir aux autres. L’autre sentiment c’est la colère. Depuis plusieurs années, l’administration pénitentiaire est oubliée de tous et malheureusement il faut un drame comme ce qui s’est passé dans l’Eure pour qu’on s’intéresse à nous. »

"On n'a aucune arme, juste un téléphone portable, nos bras et notre tchatche"

En "off" plusieurs agents exprimaient leur désespoir face à ce drame qui pourrait selon eux les toucher ici dans le Tarn-et-Garonne :

"Seuls les agents en charge de l'extraction sont armés. Faute de personnels suffisant, on demande aux simples surveillants de faire des extractions médicales et conduire les détenus à l'hôpital. On n'a aucune arme, juste un téléphone portable, nos bras et notre tchatche pour nous défendre. Quand ma femme a appris ce qui s'est passé dans l'Eure, elle m'a dit de quitter mon métier."

La Maison d'Arrêt de Montauban est actuellement en surpopulation carcérale. Selon son directeur Franck Rivière, l'établissement compte à ce jour 235 détenus pour 142 places, soit un taux d'occupation de 160%.