Attaque d'abeilles à Aurillac : " La piste du frelon asiatique n'est pas plausible "

Christian Carrier a été l'un des premiers au courant de l'attaque des abeilles dimanche 6 juillet matin dans le centre-ville aurillacois, sur l'avenue de la République notemment. Il a eu l'apiculteur responsable des ruches positionnées sur le toit de l'hôtel de Bordeaux rapidement au téléphone. "On a un apiculteur qui a une certaine expérience, il a d'autres ruches implantées sur le département. Il était avec son enfumoir, il n'a pas fait de maladresse, ça a été ma première question. Est-ce que dans tes manipulations, tu n'as pas renversé une hausse, causé un choc ? Ce qui peut arriver, et ça n'a pas du tout été le cas." Le parquet a d'ailleurs confirmé que la piste de l'accident humain avait été écarté.

Pas la bonne période pour les frelons

Si la piste des frelons a été rapidement évoquée, elle n'est pas plausible pour Christian Carrier. "Elle n'est pas d'actualité en ce début juillet. Les nids de frelon asiatiques dans l'environnement du Cantal, avec nos températures, dans le meilleur des cas, ils peuvent arriver à faire une prédation sur les abeilles dernière quinzaine d'aôut. L'année dernière, c'était plutôt mi-septembre. Et d'autre part, le frelon asiatique, c'est lui qui fait une prédation sur les colonies d'abeilles devant la porte d'entrée et qui génère un stress chez les abeilles, qui ne sortent pas de la ruche. On considère que au-delà de 3 ou 4 frelons en vol stationnaire devant la ruche, les abeilles ne prennent pas le risque de sortir. S'il y en a qu'un, elles tentent la sortie. C'est un risque d'aller collecter des provisions, de d'y laisser la peau. Donc ce n'est pas le frelon asiatique qui est la cause de cette effervescence à Aurillac dimanche matin."

Celui qui anime le rucher école de la Pantelière a en revanche quelques idées qui pourraient expliquer cette attaque. "Mon hypothèse, c'est que les abeilles gèrent le volume qui leur est défini par l'apiculteur. On va dire que de début mars jusqu'à à peu près mi-juin, les abeilles, si le volume n'est pas mis en adéquation par l'apiculteur, elles vont essaimer. Donc elles se divisent, elles adaptent leur nombre au volume qui leur est dédié. Après cet instinct d'essaimage s'efface chez beaucoup de colonies. Et si l'habitat n'est pas développé par l'apiculteur face à une miellée, ce qui pourrait être envisagé sur le bassin d'Aurillac fin juin, parce qu'il y avait beaucoup de tilleul, ça peut déclencher une agressivité assez exacerbée dans les colonies".

En clair, trop de miel, plus assez de place, et donc du stress pour les abeilles. " Elles collectent toujours, vu qu'il a fait très beau, ça pourrait être une des causes de cette effervescence anormale" L'idée que la piqûre d'une abeille a pu attirer d'autres est aussi sur la table pour lui. "Ce qui est certain, c'est que les abeilles, quand elles piquent, la première personne qui reçoit une piqûre, ça va générer une odeur qui vont exciter les autres abeilles. Donc on peut avoir plusieurs personnes dans un groupe et une qui sera beaucoup plus piquée que les autres." 

Des paramètres incertains

L'abeille reste un animal, et parfois les animaux ont des réactions qu'on ne peut pas expliquer nous a confié ce lundi matin un apiculteur cantalien qui n'a pas souhaité plus réagir. "Ce qu'il faut toujours garder à l'esprit, c'est que l'abeille dont on parle, l'abeille mellifère, c'est un insecte social. Donc comme dans notre société, l'homme pense maîtriser un certain nombre de paramètres, mais il en est probablement certains qui nous échappent un tout petit peu." conclut Christian Carrier.