Publié : 23 avril 2025 à 15h55 par Simon Depuydt
Arrêt de l'A69 : et si d'autres grands projets d'infrastructures étaient menacés près de chez vous ?
Les départements de France font bloc pour soutenir l'autoroute A69 dans le Tarn, 2 mois après la décision historique du tribunal administratif d'arrêter totalement le chantier. Mardi 22 avril, plusieurs présidents de départements étaient en visite sur le chantier près de Castres, pour demander la reprise du chantier.
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La finalisation du chantier de l'autoroute A69 entre Toulouse et Castres est un "enjeu national", voilà ce qu'a martelé François Sauvadet, le président des Départements de France, lors de sa visite près de Castres mardi 22 avril. 300 millions d'euros déjà investis, 70% des travaux déjà réalisés, pourtant le chantier est à l'arrêt complet depuis deux mois, suite à la décision du tribunal administratif.
Nous les départements, nous sommes gestionnaires de 380 000 kilomètres de routes en France, nous sommes gestionnaires de 100 000 ponts. La route, on connaît. On sait que dans le monde rural, dans tous nos départements, et dans ce Tarn en particulier, on a besoin de la route, on a besoin de nos voitures pour circuler. Quelle France on veut ? Si on ne peut plus rien faire dans ce pays, plus rien construire, de quelle France on veut ? On veut que la population et l'activité continuent de se concentrer autour des métropoles et des grands pôles ? Ou on veut avoir un pays vivant, réindustrialisé le pays ?
Aux côtés de Christophe Ramond, le président du département du Tarn, il y avait aussi certains de ses voisins, comme Michel Weill, le président du département du Tarn-et-Garonne, qui doit défendre deux grands projets d'aménagement du territoire, qui pourraient bien être les prochains dans le viseur des associations écologistes, boostés par la décision prise dans le dossier de l'A69. Le projet de LGV entre Bordeaux et Toulouse, qui traverse le département et qui verra une nouvelle gare LGV sortir de terre à Montauban, et le contournement de Montauban. Pour Michel Weill, la sérénité reste de mise dans ces deux dossiers :
Pour le moment, ça avance, mais on commence à entendre des échos. Le fait qu'ils aient fait arrêter celui de l'A69, ils ont très certainement envie de faire arrêter celui de la LGV, mais tout est fait dans de bonnes conditions. Donc je pense qu'on devrait pouvoir arriver à faire des gros chantier. On a monté un syndicat d'études avec le grand Montauban justement pour pouvoir entreprendre tous les boulevards qui iront desservir et la gare LGV, mais y compris l'hôpital qui sera juste à côté, et la sortie d'autoroute qui va avoir lieu à Lacour-Saint-Pierre. Donc tout ça va être amené à se rejoindre par des routes et des boulevards, que nous allons construire ensemble avec le Grand Montauban.
Autre personnalité en visite dans le Tarn, pour soutenir le projet de l'A69 : Germinal Peiro, le président du département de la Dordogne, venu rappeler le projet de la déviation de Beynac. La situation est similaire, le contournement routier de ce village, classés parmi les plus beaux de France, est clivant depuis des décennies. La version initiale du projet avait été retoquée, en 2019 puis 2022, par la justice administrative. Elle a depuis condamné le conseil départemental à payer près de deux millions d'euros d'astreintes, faute d'avoir démoli le chantier entamé en 2018. Aujourd'hui, comme dans le Tarn, les vestiges du chantier sont toujours visibles, avec ce pont à moitié construit au-dessus de la rivière Dordogne. De quoi mettre en colère Germinal Peiro :
Ça n'est qu'on est dans un pays de fou, ça dit que notre République marche à la tête et on est les victimes du dysfonctionnement de l'État. On peut pas dire oui à des gens, mais c'est le cas ici hein, comme à Beynac. C'est la même chose qu'ici, en plus petit. Mais c'est la même chose qu'on peut pas leur dire oui pour pour un an après ou 2 ans après, alors qu'ils ont réalisé une grande partie des travaux. Venir leur dire non, Ben c'est c'est une folie absolue quoi.
En revoyant sa copie et en présentant le projet sous un angle plus "environnemental", le président du département de la Dordogne a bon espoir de mener son projet à terme. Une ambition qu'il partage avec Arnaud Viala, le président du département de l'Aveyron, qui entend toujours aménager la RN88 à 2x2 voies entre Rodez et Sévérac, pour relier la préfecture de l'Aveyron à l'autoroute A75. Le dossier est proche de celui de l'A69, alors quelles leçons retient-il de ce projet pour éviter que cela ne se reproduise avec celui de la RN88 ?
La seule leçon que l'on doit tirer, c'est qu'il faut modifier la loi. Le problème qui se pose ici, il faut que ça permette une prise de conscience nationale de la nécessité de toiletter, d'amender, d'améliorer le cadre législatif, juridique et réglementaire. Ce sont les membres du Parlement, qui y siège aujourd'hui, qui doivent être courageux, responsables et regarder les choses en face. Et moi je pense que ceux qui ont des doutes devraient venir ici sur place pour se rendre compte de la dévastation dans laquelle on place un territoire et sa population lorsqu'on laisse cheminer des procédures jusqu'à ce stade ultime de l'aberration.