7 février 2024 à 7h58 par Fanny Paul

Y'aura-t-il encore des stations de ski en France en 2050 ?

A quelques jours des vacances d'hiver, la Cour des Comptes alerte sur le modèle économique du ski français "à bout de souffle".

TOTEM

La France se classe au deuxième rang mondial des destinations de tourisme hivernal derrière les Etats-Unis et le tourisme montagnard représente 22,4% des nuitées touristiques en France, souligne le rapport de la Cour des Comptes publié mardi. "A compter des années 2000, la diminution de l'activité ski et l'inadaptation croissante du patrimoine immobilier des stations ont commencé à fragiliser l'équilibre financier des remontées mécaniques et l'économie locale qui en découle pour partie", écrit la Cour des Comptes. "Un phénomène accentué par le changement climatique", selon la Cour. "Toutes les stations de ski seront plus ou moins touchées à l'horizon de 2050" et seules "quelques stations pourraient espérer poursuivre une exploitation au-delà de cette échéance", prévient-elle. La Cour des comptes déplore que "les politiques d'adaptation menées par les acteurs de la montagne reposent essentiellement sur la production de neige" qui a "un effet à court terme" car "son coût est important et son efficacité tend à se réduire avec la hausse des températures".

Sans oublier "l'impact de la production de neige sur les ressources en eau" qui paraît "sous-estimé dans de nombreux territoires", souligne le rapport.

Passer à autre chose

"Il faut que les stations passent à un autre schéma qui consiste à avoir de vrais projets et se projeter sur les 20, 30 années futures, ce n'est pas évident. A ce titre, la production de neige reste une solution à courte période mais pas sur une longue durée", a expliqué Bernard Lejeune, président de la Chambre Régionale des Comptes Auvergne-Rhône-Alpes.

Quant aux actions de diversifications d'activités, elles "sont rarement adossées à un véritable projet", juge la Cour des Comptes. "Réalisées au fil de l'eau, elles tendent souvent à reproduire le modèle du ski, fondé sur des investissements importants et une forte fréquentation sans plan d'affaires permettant d'établir leur pertinence économique" et "les initiatives des collectivités territoriales, sont peu coordonnées entre elles".

Le rapport épingle aussi "la planification écologique de l'Etat, peu opérationnelle pour le secteur touristique en montagne", qui "ne permet pas d'impulser une réelle dynamique de changement" et estime qu'il en est de même pour les régions.

"Il faut très clairement changer de vision, mettre en place une nouvelle gouvernance, élargir la focale, trouver des ressources - car il faut quelque 92 millions par an d'investissement qui ne sont pas tous des investissements dans la production de neige - pour arriver à un modèle plus diversifié, qui soit un modèle +quatre saisons+ et pour tout type de station", a expliqué à la presse le président de la Cour des Comptes, Pierre Moscovici.

Parmi les possibilités de "ressources supplémentaires", le président de la Cour évoque les prix des remontées mécaniques qui "sont chers mais moins chers que dans d'autres grands pays de ski" et les taxes qui "sont assez basses".

Minime les efforts

Le rapport "minimise de manière importante l'effort d'adaptation des stations engagé depuis de nombreuses années", ont répondu l'organisation d'exploitants Domaines skiables de France (DSF) et les associations nationales d'élus de la montagne (ANEM) et des maires de stations de montagne (ANMSM) dans un communiqué commun.

"La Cour disposait de capacité d'investigation étendues : elle aurait pu faire apparaître les forces tout autant que les faiblesses d'un modèle qui, s'il doit certes évoluer, n'est pas sur le point de disparaître comme le laisse penser la Cour des Comptes", critiquent-ils.

Avec AFP